Discours tenu par Thierry Apothéloz, président de l’Association des communes genevoises, lors de la remise du Prix de l’Artisanat de Genève, du 7 octobre 2015.
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Il y a des artisans ou des habiles dont l’esprit est aussi vaste que l’art et la science qu’ils professent ; ils lui rendent avec avantage, par le génie et par l’invention, ce qu’ils tiennent d’elle et de ses principes ; ils sortent de l’art pour l’ennoblir, s’écartent des règles si elles ne les conduisent pas au grand et au sublime ; ils marchent seuls et sans compagnie, mais ils vont fort haut et pénètrent fort loin, toujours sûrs et confirmés par le succès des avantages que l’on tire quelquefois de l’irrégularité. Les Caractères de Jean de la Bruyère
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C’est aujourd’hui l’un de ces artisans d’exception que nous fêtons.
Apprendre et transmettre
Ce sont les maîtres mots du parcours de Mireille Dessingy, costumière et lauréate de ce prix de l’artisanat 2015.
Une costumière n’est ni une modéliste, ni un tailleur ni une couturière. Elle est tout ceci à la fois, raison pour laquelle Mireille Dessingy a suivi ces trois formations avant d’ouvrir son propre atelier en 1980. Pari risqué, volonté affirmée de s’imposer dans le monde du théâtre, de la danse, du cirque. Très vite des collaborations naissent avec le Théâtre européen de Vidy, le Théâtre de Carouge, la Comédie, le Théâtre du Loup, Am Stram Gram, Le Poche et quelques autres.
Mireille Dessingy ne manque pas une occasion de mettre le pied à l’étrier à de jeunes costumières. Là où d’autres auraient pu craindre une concurrence, Mireille Dessingy a choisi la transmission. Chaque opportunité est bonne pour engager une jeune artisane et lui apprendre les ficelles du métier. Certaines d’entre elles sont restées plusieurs années au sein de l’équipe de notre lauréate.
Equipe, le mot est lâché. Une création théâtrale, un spectacle de danse, une représentation de cirque sont le résultat d’un travail collectif. Il y a ceux qui sont dans la lumière, comédiens, danseurs, acrobates, clowns. Ceux qui n’y sont qu’occasionnellement, metteurs en scène, dramaturges, chorégraphes. Et il y a surtout ceux pour qui les feux de la rampe ne brillent pas mais sans qui ces feux ne pourraient s’allumer. Régisseurs, décorateurs, garçons de piste au cirque, techniciens du son et de la lumière et, bien sûr, les costumiers et costumières.
Ces gens de l’ombre doivent souvent travailler les uns avec les autres, coordonner leurs créativités, la mettre au service de la vision d’un metteur en scène ou d’un chorégraphe.
Travail de fond, travail d’humilité, mais travail de première importance.
Mireille Dessingy: un travail de l’ombre mis en lumière aujourd’hui
Le talent de Mireille Dessingy a très vite été prisé par nombre de scénographes et de metteurs en scène. Notamment Gilles Lambert, Roland Deville ou le regretté Pierre-Alain Bertola, parti trop tôt il y a tout juste trois ans pour les scénographes. Mathias Langhoff, Claude Stratz, François Rochaix. Omar Porras, Hervé Loichemol et beaucoup beaucoup d’autres metteurs en scènes. Sans oublier les chorégraphes Guilherme Botelho, Noémi Lapsezon ou Diane Decker.
Mais Mireille Dessingy ne met pas seulement son talent au service des chorégraphes et des metteurs en scène les plus connus, j’ai cité ceux d’ici, mais il y en a également en France et en Italie.
Elle se met aussi au service de ceux que notre société oublie trop souvent. Depuis plus de vingt ans, elle crée les costumes de la troupe professionnelle de handicapés mentaux « Autrement Aujourd’hui ».
Autre activité remarquable de notre lauréate, la création et la production de divers objets et costumes pour le Musée d’Ethnographie de Genève, le Musée d’art et d’histoire ou le Musée des Suisses dans le monde.
Mireille Dessingy a réalisé les costumes de notre chère Revue Genevoise qui se joue en ce moment. Elle travaille sur le Dom Juan de Molière pour un théâtre musical d’Ossétie du nord et sur Richard III pour un théâtre de Moscou.
Transmettre son savoir est aussi la clé du succès
Notre lauréate donne également des cours et des stages pour transmettre son art, elle l’a notamment fait à l’Université de Venise en 2006. Probablement y a-t-elle enseignée l’art des avantages que l’on tire quelquefois de l’irrégularité chers à La Bruyère.
Et puis, il y a deux ans, elle a créé la première association de costumières de Suisse romande afin de défendre, de faire évoluer et perdurer les particularités d’un métier tout à fait exceptionnel.
Aux noms des communes genevoises, je vous adresse mes plus chaleureuses félicitations, chère lauréate.
Et je vous propose Mesdames et Messieurs de découvrir par l’image le travail de Mireille Dessingy. Grâce au soutien sans faille de la Banque Cantonale de Genève, un film a été consacré à la lauréate de ce prix de l’artisanat, comme chaque année, film réalisé par Thomas Buschbeck de Sidéral films et qui sera diffusé sur Léman Bleu très prochainement puis en boucle selon le principe de la chaîne.
ACG: Mireille Dessingy, costumière, est lauréate du Prix de l’Artisanat de Genève
Discours tenu par Thierry Apothéloz, président de l’Association des communes genevoises, lors de la remise du Prix de l’Artisanat de Genève, du 7 octobre 2015.
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Il y a des artisans ou des habiles dont l’esprit est aussi vaste que l’art et la science qu’ils professent ; ils lui rendent avec avantage, par le génie et par l’invention, ce qu’ils tiennent d’elle et de ses principes ; ils sortent de l’art pour l’ennoblir, s’écartent des règles si elles ne les conduisent pas au grand et au sublime ; ils marchent seuls et sans compagnie, mais ils vont fort haut et pénètrent fort loin, toujours sûrs et confirmés par le succès des avantages que l’on tire quelquefois de l’irrégularité.
Les Caractères de Jean de la Bruyère
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C’est aujourd’hui l’un de ces artisans d’exception que nous fêtons.
Apprendre et transmettre
Ce sont les maîtres mots du parcours de Mireille Dessingy, costumière et lauréate de ce prix de l’artisanat 2015.
Une costumière n’est ni une modéliste, ni un tailleur ni une couturière. Elle est tout ceci à la fois, raison pour laquelle Mireille Dessingy a suivi ces trois formations avant d’ouvrir son propre atelier en 1980. Pari risqué, volonté affirmée de s’imposer dans le monde du théâtre, de la danse, du cirque. Très vite des collaborations naissent avec le Théâtre européen de Vidy, le Théâtre de Carouge, la Comédie, le Théâtre du Loup, Am Stram Gram, Le Poche et quelques autres.
Mireille Dessingy ne manque pas une occasion de mettre le pied à l’étrier à de jeunes costumières. Là où d’autres auraient pu craindre une concurrence, Mireille Dessingy a choisi la transmission. Chaque opportunité est bonne pour engager une jeune artisane et lui apprendre les ficelles du métier. Certaines d’entre elles sont restées plusieurs années au sein de l’équipe de notre lauréate.
Equipe, le mot est lâché. Une création théâtrale, un spectacle de danse, une représentation de cirque sont le résultat d’un travail collectif. Il y a ceux qui sont dans la lumière, comédiens, danseurs, acrobates, clowns. Ceux qui n’y sont qu’occasionnellement, metteurs en scène, dramaturges, chorégraphes. Et il y a surtout ceux pour qui les feux de la rampe ne brillent pas mais sans qui ces feux ne pourraient s’allumer. Régisseurs, décorateurs, garçons de piste au cirque, techniciens du son et de la lumière et, bien sûr, les costumiers et costumières.
Ces gens de l’ombre doivent souvent travailler les uns avec les autres, coordonner leurs créativités, la mettre au service de la vision d’un metteur en scène ou d’un chorégraphe.
Travail de fond, travail d’humilité, mais travail de première importance.
Mireille Dessingy: un travail de l’ombre mis en lumière aujourd’hui
Mais Mireille Dessingy ne met pas seulement son talent au service des chorégraphes et des metteurs en scène les plus connus, j’ai cité ceux d’ici, mais il y en a également en France et en Italie.
Elle se met aussi au service de ceux que notre société oublie trop souvent. Depuis plus de vingt ans, elle crée les costumes de la troupe professionnelle de handicapés mentaux « Autrement Aujourd’hui ».
Autre activité remarquable de notre lauréate, la création et la production de divers objets et costumes pour le Musée d’Ethnographie de Genève, le Musée d’art et d’histoire ou le Musée des Suisses dans le monde.
Mireille Dessingy a réalisé les costumes de notre chère Revue Genevoise qui se joue en ce moment. Elle travaille sur le Dom Juan de Molière pour un théâtre musical d’Ossétie du nord et sur Richard III pour un théâtre de Moscou.
Transmettre son savoir est aussi la clé du succès
Notre lauréate donne également des cours et des stages pour transmettre son art, elle l’a notamment fait à l’Université de Venise en 2006. Probablement y a-t-elle enseignée l’art des avantages que l’on tire quelquefois de l’irrégularité chers à La Bruyère.
Et puis, il y a deux ans, elle a créé la première association de costumières de Suisse romande afin de défendre, de faire évoluer et perdurer les particularités d’un métier tout à fait exceptionnel.
Aux noms des communes genevoises, je vous adresse mes plus chaleureuses félicitations, chère lauréate.
Et je vous propose Mesdames et Messieurs de découvrir par l’image le travail de Mireille Dessingy. Grâce au soutien sans faille de la Banque Cantonale de Genève, un film a été consacré à la lauréate de ce prix de l’artisanat, comme chaque année, film réalisé par Thomas Buschbeck de Sidéral films et qui sera diffusé sur Léman Bleu très prochainement puis en boucle selon le principe de la chaîne.
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