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La grève du 14 juin 1991 n’aura pas été vaine

Aujourd’hui les femmes sont en voie d’atteindre un objectif majeur sur le marché du travail : celui de l’égalité de l’employabilité. En effet, elles représentent près de la moitié de la population active soit 46%, alors qu’en 1970, elles n’atteignaient que 38,7%.

Ce chiffre réjouissant cache pourtant une triste réalité. Nous traversons une époque de paradoxes et de contrastes pour les femmes et l’ensemble des salarié-e-s. Malgré une forte présence de ces dernières, quasi paritaire sur le marché du travail, les inégalités et les disparités entre les femmes et les hommes sont persistantes.

Quels sont les traits essentiels des inégalités entre hommes et femmes sur le marché de l’emploi ?

L’une des inégalités les plus évidentes est incontestablement celle du salaire. Les femmes gagnent en moyenne 27% de moins que les hommes tous temps de travail confondus. Les écarts sont plus faibles dans le secteur public que dans le privé. Mais les disparités ne s’observent pas seulement sur le plan salarial. Elles s’exercent aussi dans l’inégalité de la répartition des métiers pratiqués et dans le temps d’occupation. Les métiers restent très sexués. Pour certains postes on ne va engager uniquement que des hommes, pour d’autres seulement des femmes.

Aujourd’hui l’emploi féminin se caractérise principalement ainsi : horaires et postes atypiques, sous-emploi, travails cumulés, contrats à durée déterminée, temps partiels, emplois peu qualifiés. Elles occupent majoritairement les postes de caissières, vendeuses, ou employées de nettoyage avec des horaires non choisis et des salaires faibles.

D’après les résultats du Bureau fédéral des statistiques, en Suisse, toutes régions linguistiques confondues, dans les espaces urbains et ruraux, le temps partiel a progressé considérablement. Il est incontestablement la caractéristique du taux d’occupation féminin. Plus de 6 femmes sur 10 contre 1 homme sur 8 travaillent à temps partiel. Il bien évident que tous les temps partiels ne se valent pas. Il faut bien faire la distinction entre celui qui est choisi et celui qui est subi. Il est de toute évidence qu’il ne peut être mis sur le même plan, une femme qui choisit un poste à 80% pour consacrer plus de temps à de ses enfants et celui d’une personne à qui on impose un emploi avec des heures creuses durant la journée. Ce qui concerne souvent un bon nombre de métiers peu valorisants.

Hormis quelques secteurs d’activité très qualifiés qui font exception, comme la médecine, le journalisme, ou la magistrature domaines dans lesquels les femmes occupent une bonne place. Force est de constater que nous retrouvons peu de femmes dans les postes clés, de dirigeant-e-s dans les entreprises ou dans les Conseils d’administration elles sont plutôt venues renforcer des secteurs très féminisés.

Or, des études récentes montrent que les filles sont bien meilleures élèves que les garçons dans les études. Les dernières statistiques du Bureau de l’égalité de l’Université de Genève montrent que 60% des inscrit-e-s sont de sexe féminin. Paradoxalement, ce sont plus de 80% de leurs homologues masculins qui occuperont les postes de professeurs à l’Université ou l’on retrouvera une large majorité de femmes comme collaboratrices d’enseignement et parmi le personnel administratif.

Les problématiques spécifiques liées à l’emploi au féminin : comprendre pourquoi les femmes restent en marge de l’emploi

La société actuelle a cependant énormément évolué. La naissance d’un enfant n’est plus un motif pour les femmes d’arrêter de travailler. 80% d’entre elles restent actives contre 40% seulement dans les années 60. Ceci est largement admis de tous.

Mais, un facteur demeure tenace : la responsabilité de la famille incombe aujourd’hui encore principalement à la mère et le travail rémunéré est relégué au second plan. Les femmes continent d’assumer 80% des tâches ménagères en plus de leur travail. La grille de lecture n’est pas la même pour décrypter le travail des femmes et celui des hommes. Le travail féminin continu à être perçu comme un salaire d’appoint.

Cette situation fragilise les femmes dans la progression de leur carrière et offre des trajectoires professionnelles limitées

Comment concilier vie professionnelle et vie familiale ?

L’égalité de traitement est un droit fondamental, il n’est cependant pas toujours respecté dans la relation de travail entre femme et homme.

Aujourd’hui, il en va de la construction de l’avenir de notre société que de relevé le défi de l’égalité. Pour cela, nous disposons déjà de plusieurs outils comme l’article 8 de la Constitution Suisse ou encore de la loi sur l’Egalité. Nous devons exiger à sa pleine et entière application.

Malgré ces efforts législatifs, les injustices persistent. Elles incitent ainsi les femmes à se tourner vers la sphère familiale au détriment de leurs ambitions professionnelles.

Afin de concrétiser l’égalité entre femme et homme, nous devons pouvoir offrir des conditions favorables :

– Aujourd’hui, il est urgent de développer les structures d’accueil extra familiales, d’augmenter sensiblement les places dans les crèches, de donner la capacité aux accueillantes familiales de se former. L’offre est insuffisante. Il s’agit de tout mettre en œuvre pour l’élargir. Le 17 juin 2012, les citoyennes et les citoyens ont adopté un article constitutionnel qui demande que les besoins dans la petite enfance soient couverts, il s’agit de l’un des principaux défis de la prochaine législature.

– Les tarifs pratiqués pour une place en crèche demeurent élevés et pour les familles à faible budget (notamment monoparentale), ce point constitue un frein pour choisir une crèche.
– mettre en place un véritable congé parental qui peut être au bénéfice de la mère, mais aussi du père. Les entreprises auront tout à y gagner !

– Le 28 novembre 2010, les Genevoises et les Genevois se sont massivement prononcés en faveur d’un accueil continu facultatif en marge du temps scolaire. La mise en place de cet accueil avec les associations culturelles et sportives constitue un autre grand défi du prochain gouvernement

– Il convient aussi, parallèlement à ces mesures indispensables, de s’attaquer à l’accès par les filles à toutes les formations. Certes, elles sont de plus en plus hautement diplômées, mais il existe encore des barrières psychologiques à franchir. Il faut les inciter à ne pas penser qu’aux sciences humaines (sociologie, psychologie..) mais aussi aux sciences exactes (physique, chimie). L’orientation scolaire est déterminante. Encore trop peu de jeunes filles choisissent les filières scientifiques. Elles sont peu encouragées dans cette voie.

Les diplômes n’ont pas la même valeur sur le marché de l’emploi. Très souvent les femmes se retrouvent alors cantonnées dans des emplois affiliés à un genre plus qu’à une compétence.
Malheureusement, l’école, malgré de gros efforts, au cycle d’orientation par exemple, continue de reproduire le modèle d’une femme qui a sa place dans certaines professions seulement, qui travaille à temps partiel, qui est moins payée que les hommes.

Les femmes ont gagné leur indépendance financière, croyez-moi, elles gagneront très vite celle de leur véritable implantation dans l’entreprise comme dans l’administration. Elles sont une chance pour les entreprises et pour toutes et tous.

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