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Euro 2016: vivre la finale à Lisbonne

11 juillet 2016 Thierry 0 Comments

Source: Tribune de Genève / Marie-Line Darcy / Marie Prieur

« On ressent les choses deux fois plus fort en étant loin du pays »

Dimanche soir, les Portugais de Genève ont dignement célébré la victoire de la Seleção. «On ressent les choses deux fois plus fort en étant loin. On est toujours plus attaché au pays que celui qui y habite», estime Luis Mata, président de l’Academico de Viseu. A l’écouter, cette coupe a encore plus de saveur vue de Genève. Il distingue toutefois la première génération d’immigrés, dont il fait partie, qui a toujours «un peu peur de se montrer patriote» de la deuxième génération qui s’exprime plus facilement: «Ils se sentent à la fois chez eux en Suisse puisqu’ils y sont nés. Et en même temps ont cet attachement pour le pays de leurs racines.»

Avec 37 074 membres, les Portugais représentent la plus importante communauté étrangère du canton. Sans compter les binationaux, dont le nombre serait en moyenne de 7000, selon une enquête. S’ajoutent enfin quelque 200 fonctionnaires internationaux. Membre de ladite communauté, le président de l’association des habitants des Acacias, Henrique Ventura avoue, en toute honnêteté, qu’il n’y croyait pas. «C’est une première pour le Portugal. On attend ça depuis 2004!» Faisant à son tour référence à la défaite des Portugais face à la Grèce à Lisbonne à l’Euro 2004, Luis Mata enchaîne un brin taquin: «Les Français peuvent se consoler en se disant que cela arrive de perdre un championnat à domicile…»

C’est à Lisbonne que le socialiste Thierry Apothéloz, amoureux du Portugal, a vécu cette finale pleine de suspense et la liesse populaire qui a suivi. «Ici, c’est la folie furieuse. C’est vraiment la fête au sens noble du terme. Les gens sont très fiers, très honorés d’avoir gagné ce championnat», raconte le conseiller administratif verniolan, qui vient de voir passer l’avion ramenant les joueurs, escorté de deux avions militaires. Evoquant le «Portugal bashing» qui a sévi ces derniers jours en France (notamment à travers un article de 20 minutes traitant l’adversaire des Français de «dégueulasse»), l’élu estime qu’en remportant l’Euro, les Lusitaniens ont lavé leur honneur. «C’est un petit pays qui devient grand! Ainsi, le Portugal existe dans cette Union européenne qui le déconsidère si souvent.» Il poursuit: «Pour les Portugais de Genève, c’est aussi un fort sentiment de valorisation. Eux qui travaillent beaucoup, font des métiers difficiles et souvent peu valorisés.»

Après avoir passé le week-end à Evian, Henrique Ventura était, lui, de retour à Genève dimanche soir. «Ceux qui travaillaient lundi ont dû avoir mal à la tête», commente-t-il, avant de saluer la sagesse et le fair-play avec lesquels ses compatriotes ont fêté la victoire. «Il n’y a pas eu d’incidents et au final pas énormément de bruit ici à Genève. Moins que d’autres années. Même du côté des klaxons, c’est resté raisonnable. Comme durant tout l’Euro d’ailleurs.» Il ajoute: «Du reste, on critique les Portugais mais ça klaxonne pour toutes les équipes!»

Concernant l’impact économique pour le pays, Thierry Apothéloz dit avoir lu dans un journal portugais le chiffre de 700 millions d’euros de retombées fiscales en cas de victoire, «par le biais d’une consommation un peu libérée sur place».

Même son de cloche de Luis Mata: «Cela fait du bien au pays, ça permet d’oublier un peu la crise.» Secrétaire syndical au SIT, dans la branche hôtellerie et restauration, Amindo Dos Santos n’est pas de cet avis. Il ne croit pas à un «effet Euro». «Dans 15 jours on n’en parlera plus. Les gens au Portugal ont plein de soucis avec la crise économique. Pour l’instant c’est l’euphorie mais les problèmes de chacun vont vite refaire surface.» Marie Prieur (TDG)

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