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Sécurité à Genève : agir ensemble autrement

6 octobre 2012 Thierry 0 Comments

Il ne se passe plus un jour à Genève sans que les journaux ne relatent des agressions, des brigandages ou des cambriolages de toutes sortes. Inexorablement, le climat d’insécurité augmente, la peur s’installe, sans que les pouvoirs publics ne prennent véritablement consciences de l’importance des enjeux qui préoccupent de plus en plus les Genevois-e-s.

 

Cette situation fait le jeu des mouvements populistes qui, adeptes des solutions faciles, font fi des difficultés de la problématique, notamment de la multiplicité des acteurs et des niveaux décisionnels qui rend toute action coordonnée et efficace particulièrement complexe.

 

Fort de ce constat alarmant, aujourd’hui et plus que jamais, j’en appelle au bon sens des politiques, tous partis républicains confondus, afin d’aborder le problème de la sécurité à Genève de manière pragmatique et constructive.

 

Cessons d’opposer angélisme aveugle et obsession sécuritaire et empoignons ensemble, mais autrement, le problème de la sécurité.

 

Un diagnostic partagé… que personne n’utilise !

 

Pour agir ensemble, autrement et efficacement, il convient en premier lieu d’utiliser et de mettre en œuvre les outils existants.

A cet égard, en 2004, 2007 et 2010, la Police genevoise a publié son « diagnostic local de sécurité » (DLS). Ce document institutionnel qui détermine les orientations d’intervention de nos autorités en matière de sécurité invite formellement à « repenser à la fois les formes de la présence policière et son articulation avec les autres intervenants, notamment issus de l’animation sociale et du développement sociocommunautaire ».

La Police – qu’on ne saurait accuser d’angélisme –  postule ainsi à juste titre que la seule augmentation du nombre des forces de police ne suffit pas et que l’occupation du terrain doit relever d’une action concertée entre les différents acteurs concernés.

En d’autres termes, l’occupation du terrain, la rapidité des interventions, la présence rassurante d’agents publics – quels que soient leurs uniformes – influe sur le climat d’insécurité.

Déprédations, rassemblements qui inquiètent, nuisances sonores, décharges sauvages sont autant de problèmes qui se règlent par la présence, mais aussi par le dialogue, l’intervention raisonnée et le rappel du cadre.

L’analyse du DLS qui conclut à juste titre qu’un terrain occupé est un terrain sécurisé, doit ainsi impérativement être aujourd’hui entendue par l’état-major qui doit notamment redéployer des ilotiers dans les quartiers.

L’ilotage représente une gendarmerie de proximité particulièrement efficace qui doit occuper le cœur même du système d’acteurs de terrain appelé de ses vœux par la Police genevoise.

C’est pourquoi, en lançant il y a quelques semaines de cela mon concept de « régions de sécurité prioritaire », j’appelais aussi à la création de postes d’ilotiers supplémentaires.

Les Correspondants de Nuit : une solution efficace, car complémentaire

Dans la lutte contre l’insécurité, il s’agit aussi de développer des solutions innovantes.

A Vernier, toujours dans une logique d’occupation du terrain, j’ai instauré depuis mars 2010, sept jours sur sept, de 18h à 02h du matin, un service de Correspondants de Nuit.

Ces acteurs experts de la médiation sociale de terrain sillonnent les quartiers pour apporter une présence rassurante à des heures où les autres services sont moins présents ou trop sollicités.

Et le succès est là : en 2011 l’on dénombre 350 appels téléphoniques, 2200 actes de veilles sociale, 900 interventions et 75 entretiens de médiations.

Qu’on s’entende bien, le travail des Correspondant-e-s de nuit ne remplace ni celui de la Gendarmerie, ni celui de la Police municipale.

Il ne pourra pas s’opposer à des actes violents telles ceux enregistrés récemment à Vernier.

Il complète toutefois efficacement les polices en apportant une réponse rapide. Il calme les tensions, favorise l’entente, diminue drastiquement les nuisances sonores et dissuade les incivilités.

C’est également cela la lutte contre l’insécurité.

Cela d’autant plus à l’heure où la Gendarmerie ne dispose souvent que d’une seule voiture de patrouille pour couvrir la nuit un territoire qui va de Versoix à Dardagny, ce qui est au demeurant totalement inacceptable !

Autres villes, autres mœurs, autres résultats

Dans la lutte contre l’insécurité, il conviendra aussi – et même si cela n’est pas toujours facile pour nous habitants du bout du lac – de s’inspirer des solutions d’autres villes de Suisse qui se sont emparées depuis longtemps du problème.

Comme le relate un article du magazine « Bilan » paru en février 2012[1], Berne et Zürich ont obtenus des résultats étonnant en faisant feu de tout bois, bien loin des positions stériles sur les seuls effectifs de la Police qui paralysent le débat dans le canton de Genève.

La présence des différents acteurs (policiers, assistants sociaux, médiateurs) intervient de manière coordonnée sur les endroits stratégiques, tels que les préaux d’écoles et les endroits sensibles (gare, quartiers populaires, lieux de vie nocturne). Un accent est également sur l’éclairage public, la prévention des dégradations et la salubrité (déchèteries sauvages, graffitis, etc.).

Les enquêtes démontrent que ces mesures se sont relevées particulièrement efficaces et que l’action concertée est un moyen de régler, en peu de temps, et sans forcément y mettre des moyens supplémentaires, les problématiques liées au climat d’insécurité.

Si Berne et Zürich y arrivent, pourquoi pas Genève ?

Cessons donc de se braquer uniquement sur l’augmentation des effectifs policiers qui nous mènera droit dans le mur et inspirons aussi nous de ce qui marche ailleurs.

Appel pour des assises de la sécurité à Genève

 

Toujours dans le même esprit, pour combattre le problème de l’insécurité, pour ne pas laisser libre champs aux idées courtes des populistes, pour éviter une fuite en avant stérile et couteuse dans le tout sécuritaire, j’affirme ici la nécessité d’une véritable réaction concertée du politique.

Si un premier pas a été franchi avec l’accord passé entre M. Pierre Maudet et le Procureur Général et l’annonce d’un plan d’action, la réaction politique face à l’insécurité est encore insuffisante et manque de coordination.

Afin d’enfin parvenir à une réponse concertée, pragmatique et coordonnée, j’en appelle donc aujourd’hui à l’organisation rapide d’assises de la sécurité pour mettre tous les acteurs autour de la table et repenser ensemble la présence de terrain que nous voulons dans notre Canton.

Sans angélisme, sans catastrophisme non plus. Mais ensemble et autrement pour la sécurité de nos concitoyenes et concitoyens.

Si M. Pierre Maudet et les autorités souhaitent organiser ces assises de la sécurité dans ma ville de Vernier, je les accueillerai à bras ouverts.

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