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22ème commémoration du génocide des Tutsis au Rwanda

Discours pour la 22ème commémoration du Génocide des Tutsis au Rwanda en 1994, le samedi 9 avril 2016 aux Libellules (Vernier)

 

 

Mesdames, Messieurs,

C’est avec beaucoup d’humilité que je prends la parole devant vous pour remémorer le génocide des Tutsi du Rwanda, il y a de cela 22 ans.

Comme tant d’autres, j’ai toujours en mémoire les images insoutenables de cruauté et de violence que montraient les médias occidentaux de ce massacre innommable. Comme tant d’autres, j’ai été choqué par l’ampleur de la barbarie sans nom qui s’est abattue sur le Rwanda. Comme tant d’autres, j’ai chéri le hasard qui m’a fait naître dans un pays où, heureusement, nous avons toujours été épargnés par les violences et les massacres de masse.

Loin de chez nous, et pourtant si proche dans nos mémoires, le génocide rwandais demeure pour beaucoup d’entre nous la quintessence même de l’horreur la plus totale.

Peu sont les déferlements de violence qui, dans l’histoire, peuvent porter le triste nom de génocide. Il y a eu l’Arménie, il y a eu la Shoah, il y a eu la Bosnie, et il y a eu le Rwanda.

Comment imaginer encore si près de nous que l’humanité n’a rien appris de son histoire et que des hommes sont encore capable de vouloir anéantir d’autres hommes, tout simplement parce qu’ils les jugent différents, nuisibles ou inférieurs. La cruauté on le voit, n’a ni ethnie, ni race, ni nationalité, ni passeport. Le mal est partout, à toutes les époques, dans toutes les cultures.

Est-ce pour autant que nous devons considérer la tragédie humaine comme une fatalité? Certainement pas! L’histoire nous montre aussi le chemin de l’harmonie et de la cohabitation pacifique des hommes de bonne volonté !

Ici, à Vernier, vivent côte à côte plus de 160 nationalités, venues du monde entier. Chacune avec son histoire, sa culture, ses coutumes et ses traditions. De conflits, nous n’en n’avons finalement que très peu. Même si, aujourd’hui, on jette l’opprobre sur une religion en particulier, au vu de la tragique actualité terroriste qui hante nos démocraties, n’oublions jamais que la violence n’est qu’affaire de domination et de pouvoir. Pas de religion, d’ethnie ou de culture.

Les hommes mauvais le sont pour des raisons qui n’appartiennent qu’à eux. Nul ne peut dire que, du fait de leur appartenance communautaire, on porte en soi les germes de la violence et de l’intolérance.

On sait pourtant quels sont les facteurs qui poussent à prendre les armes pour défendre des causes absurdes: l’ignorance, la manipulation de masse, l’embrigadement idéologique et la peur. Faire peur a en effet toujours été la stratégie qui permet de pousser les hommes à faire n’importe quoi au nom d’une prétendue idéologie.

Pour éviter que l’histoire tragique ne se répète, c’est la peur qu’il faut combattre en premier. Et pour la vaincre, nous n’avons qu’une seule solution: apprendre les uns des autres et vivre ensemble, avec tolérance, respect et bienveillance.

Le génocide rwandais fut le dernier massacre de masse du XXème siècle. Il est encore le plus frais dans nos mémoires. Ces mémoires, nous devons les cultiver précieusement afin d’éviter que l’horreur ne se reproduise. Nous devons sans cesse rappeler aux générations suivantes combien le proche passé douloureux n’est pas une fatalité et combien il appartient à nos enfants de faire en sorte que, jamais plus, il n’ait à se reproduire.

Une cérémonie comme celle que nous vivons est plus que nécessaire. Le devoir de mémoire ne devrait pas être un choix ou une option. Mais une nécessité et un impératif.

Mes pensées vont aux familles, aux survivants, aux proches de celles et ceux qui ont subi le terrible génocide rwandais.

Je leur dis mon profond respect.

Je leur dis aussi que je ne n’oublierai jamais ces pages sombres de l’histoire de l’humanité.

 

 

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