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Synthèse de l’évaluation du projet "Vivre mon école, vivre dans ma commune"

Vivre mon école
Vivre dans ma commune

Regard sur un projet novateur
Synthèse de l’évaluation participative.
Par Dominique Froidevaux, sociologue, Le Point-DIP (Mars 2007)


Genèse du projet

Printemps 2003: les conseillers sociaux du cycle d’orientationdu Renard réunissent divers intervenants de la commune de Vernier- travailleurs sociaux hors-murs (TSHM) et animateurs socioculturels dela FASe – concernés par les jeunes qui fréquentent cet établissementscolaire. Alertés par divers événements de violencequ’il convenait de ne pas banaliser, ils proposent de réfléchirensemble à des pistes d’actions concrètes pour agir plusefficacement en amont des problèmes.

Quelles réponses socio-éducatives àla violence? Comment mieux s’informer mutuellement et coordonner les actionsde prévention entre acteurs de l’école et des quartiersenvironnants? Comment cultiver et garder des liens constructifs avec lesjeunes en intervenant de manière aussi précoce que possible?Quels sont les besoins prioritaires? Telles étaient les questionsqui ont aiguillé la réflexion du groupe initiateur du projet.Trois pistes concrètes ont été envisagéesà partir de là:

– Un renforcement du travail en réseau
– Un approfondissement de la collaboration entre l’école primaireet le Cycle d’orientation
– Une action ciblée autour des transports scolaires, origine deproblèmes récurrents.

Le projet baptisé "Vivre mon école,vivre dans ma commune" a ensuite été mûri etmis en musique avec les divers partenaires institutionnels répondantdes acteurs de terrain: la Commune de Vernier, la FASe – Fondation pourl’animation socioculturelle à Genève, employeur des différentsintervenants sociaux actifs sur cette commune dans les centres et lesactivités hors-murs, les responsables du collège du Renardet de la direction générale du CO et, enfin, le Départementde l’instruction publique.

La problématique des transports scolaires a étéjugée prioritaire car elle était à l’origine d’unfort sentiment d’insécurité, en particulier chez les élèvesles plus jeunes, et avait de nombreuses répercussions autant surla vie de l’école que sur celle des quartiers de la commune. Eneffet, dans l’espace confiné des bus, avec un chauffeur comme seulréférent adulte pour 150 élèves par véhicule,de nombreux incidents survenaient qui dégénéraientparfois en violences plus graves: batailles rangées, règlementsde compte, commerces divers, intimidations. Les responsables du projetont alors planché sur un dispositif d’accompagnement, intégrantde jeunes moniteurs sans formation initiale, suivis étroitementpar des professionnels. Il s’agissait ainsi d’apporter rapidement uneréponse à des besoins concrets pour amorcer un processusouvrant pas à pas sur d’autres potentialités d’action préventive.

Présentée dans la commune de Vernier auprintemps 2004, la phase pilote du projet a démarré pourdeux ans à l’automne de la même année. Une évaluationparticipative et continue a été engagée durant cettepériode afin d’accompagner le projet et de mettre en évidenceles enseignements de terrain utiles à l’émergence d’autresprojets analogues. Ce sont quelques éléments de cette évaluationqui sont mis en évidence dans la présente synthèse.

Caractère novateur et pertinence de la démarche

Le projet considéré ici réunitplusieurs caractéristiques novatrices qui méritent d’êtrerelevées.

Une même préoccupation: l’avenir desjeunes concernés

C’est une préoccupation commune pour le mieux-êtreet l’avenir des jeunes concernés par ce projet qui a réuniaussi bien les acteurs de terrain que les partenaires institutionnelsengagés dans sa réalisation. Si la vocation des différentesinstitutions impliquées est bien de travailler de concert, le partenariatengagé dans ce cas précis peut être considérécomme une première dans le canton de Genève, du point devue du soin porté à la mise en œuvre du projet et del’engagement des partenaires sur la durée.

Un projet sur mesure

Ce projet est né du terrain et a étéconstruit sur mesure, à partir d’un diagnostic et d’une analysedes besoins locaux. Cette approche partenariale privilégiant lesdynamiques émergentes et visant à rendre possible institutionnellementce qui répond aux nécessités locales est considérécomme un gage de succès dans la plupart des études spécialiséessur la prévention de la violence.

Une avancée pas à pas, soutenue parune évaluation participative

La démarche pragmatique, envisageant une avancéepas à pas à partir de priorités clairement identifiées,est aussi une des caractéristiques de ce projet. Dans cette perspective,l’évaluation participative et continue n’a pas étéenvisagée comme un "contrôle externe", mais commeun soutien, favorisant une prise en compte collective des difficultéset des avancées tout au long du développement du projet.L’expérience s’avère ainsi riche d’enseignements pour lamise en œuvre de projets analogues dans d’autres contextes. Les principalesleçons de terrain portent non seulement sur le dispositif d’accompagnementsocio-éducatif mais aussi sur les exigences, les risques et lesopportunités d’une démarche partenariale. Un enjeu importantà l’heure de la mise en place des réseaux d’éducationprioritaires sur le canton de Genève (REP).

Une approche concertée entre partenaires

Les partenaires ont pris soin d’inscrire leur démarchedans une approche commune, avec une visée socio-éducativeclairement énoncée: l’action préventive et l’apprentissagedes limites et du respect des biens et des personnes vise l’intégrationde tous les jeunes concernés, dans les meilleurs conditions possibles.

Cette approche se retrouve

• dans l’action en matière de politiquesociale et de la jeunesse de la commune de Vernier,
• dans les principes de prévention qui guident l’action desprofessionnels de la FASe
• et dans les priorités d’action du DIP, dont la politiqueen matière de régulation de la violence repose sur cinqpiliers: La prévention, la participation, le partenariat local,la médiation, et enfin la sanction, qui s’appuie sur la réglementationet les lois et doit revêtir un caractère éducatif.

Les principaux apports du projet

Pacification dans les transports réservésaux élèves et amélioration du climat scolaire

Le dispositif d’accompagnement a un effet de pacificationdans les transports scolaires avéré, largement reconnu parles acteurs concernés et repérable à travers de nombreuxindices vérifiables sur le terrain (voir tableau résumédes indicateurs à la page suivante).

On constate un impact favorable sur le climat scolaireau sein du cycle d’orientation du Renard. Les transports scolaires nesont plus perçus comme un espace où règne l’insécurité,sans regard adulte. Cet apaisement favorise une meilleure concentrationsur les tâches scolaires et focalise moins les préoccupationset énergies des enseignants et d’autres intervenants adultes ducollège sur la problématique des transports scolaires. L’impactfavorable est également reconnu et confirmé par plusieurséléments convergents d’une étude indépendanteréalisée par le SRED (Service de la recherche en éducation).

Dynamique favorable pour d’autres actions

Ces avancées ont créé une dynamiquefavorable au renforcement des autres volets du projet, qui commencentà prendre une forme plus concrète et élaboréequ’au départ.

• La collaboration entre le primaire et le COs’est renforcée grâce au travail d’un groupe ad hoc. Sesprincipales actions concernent l’information aux parents, l’accueil desélèves, l’articulation des programmes et des contenus d’enseignement.
• Une réflexion a pu être initiée avec le groupesanté (enseignants, conseillers sociaux, éducateurs pourla santé, infirmière scolaire) au sein du collègesur la problématique des relations garçons-filles. Ce groupea stimulé la mise sur pied d’une activité de réflexionparticipative avec "théâtre-forum" et dossier pédagogique(préparé par le Service Santé de la Jeunesse) àl’intention des maisons de quartier et de divers établissementsscolaires. Il a mis sur pied un atelier de réflexion ouvert auxélèves qui le souhaitent, pour un travail sur le respectmutuel dans la relation de couple.
• Avec différentes écoles de la région, leCO du Renard a participé a une quinzaine de prévention surl’usage du cannabis baptisée "Dépénalisons laparole". Un projet initié par la FASe en collaboration avecla commune de Vernier.
• Forts de l’expérience pilote, les partenaires du projetvisent maintenant une intégration des moniteurs engagésdans l’accompagnement des transports scolaires sur d’autres chantiers,structures ou activités locales à l’intention des jeunes,au sein du collège ou sur les quartiers de la commune.

Atout pour le travail social hors murs

Pour les professionnels de la FASe engagés dansles actions de travail social hors murs, le relais effectué parles accompagnants a permis d’entrer en contact avec des jeunes qui avaientbesoin d’un soutien ou d’un accompagnement plus approfondi.

Tremplin pour l’intégration professionnelledes moniteurs engagés dans le projet

Les personnes engagées comme accompagnants bénéficientd’un parcours formateur, axé sur une pratique de terrain,qui leur sert de tremplin et contribue à la maturation de leursprojets professionnels. Pour la FASe, employeur des intervenants, moniteurset travailleurs sociaux, l’expérience menée dans lecadre de ce projet sert de référence pour la mise sur piedd’une formation qualifiante, basée en partie sur la valorisationde la pratique de terrain et destinée à ouvrir de meilleuresperspectives professionnelles pour des jeunes moniteurs actifs dans letravail social hors murs.

Résumé des indicateurs
attestant de l’impact du dispositif d’accompagnement

L’effet de pacification du dispositif d’accompagnementsocio-éducatif dans les bus est unanimement constatépar les acteurs concernés
Les attitudes signalant chez les élèves et leurs parentsun sentiment d’inquiétude lié aux transports scolairessont en nette diminution
Le dispositif d’accompagnement est entré dans les habitudesdes élèves
Les interventions immédiates des accompagnants et les régulationsqu’ils peuvent faire à chaud ont un effet pacificateuret préventif
Les incidents avec risques d’atteinte à l’intégritéphysique des élèves sont moins fréquents et demoindre gravité qu’auparavant
Les actes d’intimidation entre élèves sont ennette diminution dans les transports scolaires
Les déprédations dans les bus ont étéen partie limitées
La fumée (tabac ou autres substances) dans les bus étaitun problème récurrent dans les bus, ce n’est désormaisplus un problème
Le nombre des vols est en nette diminution
Le relais des situations problématiques a globalement fonctionnéà la satisfaction des intervenants du champs scolaire et aeu un impact préventif durable
L’intervention des accompagnants, en coordination avec leréseau élargi a un effet préventif décisifsur le développement des batailles rangées
La collaboration avec les familles est jugée excellente parles intervenants du milieu scolaire.
Les accompagnants sont identifiés comme des adultes auxquelsles élèves peuvent accorder leur confiance
Pour les professionnels du travail social hors murs, le relais effectuépar les accompagnants a permis d’entrer en contact avec des jeunesqui avaient besoin d’un soutien ou d’un accompagnement plus approfondi.

L’enquête indépendante menéeau sein du CO Renard lui offre de nombreuses indications pour améliorerses pratiques à partir d’un diagnostic approfondi portantsur:

– le climat de sécurité dans différentsespaces en lien avec la vie scolaire, y compris les transports ;
– les différents climats relationnels (entre professeurset élèves, entre élèves) ;
– le climat de justice qui règne au sein du collège,le rapport aux règles et à l’autorité;
– le climat éducatif en lien avec les apprentissages scolaires.

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