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Peace fighters, une action à Vernier pour apprendre à canaliser les énergies.

Des coups pour la paix

COURS INÉDITS

Des enfants viennent de participer à une semaine Peace Fighters à Vernier (GE). Ou comment les sports de combat canalisent les énergies.

Par Valérie Duby. Mis à jour le 04.08.2014
  • in : http://www.lematin.ch/societe/coups-paix/story/10981439

1/12Les profs portent des costumes de catch extravagants, ce qui amuse beaucoup les enfants.
Christian Bonzon

Un joli projet né en Irlande

Animatrice de la Maison de quartier des Libellules, incroyable lieu de sociabilisation, Isabelle Lamm trouve qu’une «jolie énergie se dégage. Cela tient aussi à la personnalité de Carl Emery, concepteur du projet», assure-t-elle. Les Peace Fighters sont nés en 2008, créés par le Genevois et l’Irlandais Bill Murray. A l’origine, les deux champions du monde de kick-boxing ont rapproché les enfants catholiques et protestants de quartiers défavorisés d’Irlande par le biais de la pratique des arts martiaux et des sports de combat. Depuis, les Peace Fighters ont fait des petits. Au Mexique, à la Barbade, au Nigeria et en Suisse, à Vernier, deuxième ville du canton de Genève.

Ils ont déjà présenté les Peace Fighters ce printemps à la tribune de l’ONU, à l’occasion de la 25e session du Conseil des droits de l’homme, et sont réinvités le 14 octobre à l’occasion de la Journée internationale de l’enfant. La semaine dernière, le brigadier Carl Emery et la sous-brigadière Anne Fasel ont mis en pratique le concept à la Maison de quartier des Libellules (Vernier/GE), où 14 jeunes sont inscrits pour ces cours inédits en Suisse. Au programme: kick-boxing et catch. Eh oui, les sports de combat canalisent les énergies et cette agressivité qui existe parfois chez ces enfants, tous étrangers et de huit nationalités différentes, vivant dans un quartier précarisé et souvent stigmatisé.

«On donne des coups, on en reçoit. On apprend ce que cela fait!» remarque Carl Emery. On débute par un circuit training pour s’échauffer. Puis c’est cours de catch. Les profs sont «costumés», cela amuse les mômes. Habillé en orange comme un prisonnier de Guantánamo, Andrew (c’est son nom de catcheur) exige le silence.

Après la théorie, la pratique. Les enfants sortent les poings. En position de garde. Sur des tapis en mousse, ils s’entraînent pour les chutes arrière et de côté, les torsions de bras. «Beaucoup de jeunes regardent du catch à la télévision et ont voulu essayer. Résultat: il y a eu des accidents graves, constate Carl Emery, ancien champion du monde de kick-boxing. Ici, on leur montre par exemple qu’un saut périlleux, c’est dangereux si on ne sait pas faire!»

Respect et politesse

C’est la troisième année que le cours Peace Fighters a lieu à Vernier, financé par la commune. Agés de 10 à 14 ans, les enfants apprennent les rudiments des sports de combat. «On parle de partenaire et non pas d’adversaire», précise Chris «Wildcat» Carter. On rappelle (ou on inculque) la notion de respect de soi et de respect des autres. Le respect d’arriver à l’heure pour commencer. «Lundi matin, ceux qui sont venus en retard ont été renvoyés jusqu’au cours suivant», indique Anne Fasel.

On s’amuse en réussissant à casser une planche avec sa main. Mais on apprend aussi la politesse. Un gamin s’est montré violent envers les autres. Il a nettement dépassé les bornes en termes de langage, tenant des propos extrêmement grossiers et racistes: il est convoqué et remis à l’ordre avant de devoir s’excuser. Un tel programme permet aussi de maintenir le dialogue entre les jeunes et la police, parfois uniquement perçue comme organe répressif. «On risque d’en retrouver à l’avenir dans le cadre de notre boulot», constate Carl Emery. Et d’ajouter en riant: «Ce sera plus facile pour tout le monde!» ● TEXTES: VALÉRIE DUBY valerie.duby@lematin.ch ●PHOTOS: CHRISTIAN BONZON On apprend le respect de soi et des autres Carl Emery, policier et ancien champion du monde de kick-boxing

Christian Bonzon(Le Matin)

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