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Echo des media : Loger pour réinserer, le succès verniolan

La commune loue des logements à des jeunes en rupture. Bilan.

MARC GUÉNIAT

 

Cinq appartements, c'est peu, certes. Mais lorsqu'on les loue à des jeunes dits en rupture, c'est autant de trajectoires que l'on peut espérer dévier de l'errance vers une formation ou un emploi. L'idée étant que le logement constitue un cadre sécurisant, stabilisant et donc propice à la réinsertion socioprofessionnelle. Voilà le pari qu'a fait, en 2004, la commune de Vernier.

Après quatre années de mise en ?uvre, force est de constater que le bilan s'avère nettement positif. Sur les quinze jeunes, âgés de 19 à 28?ans, à avoir bénéficié du programme, près de 80% étaient sans occupation lors de l'état des lieux. A leur sortie, au bout de six mois au minimum, deux ans au maximum, ce taux a été divisé par quatre! Plus de la moitié d'entre eux ont trouvé un emploi, alors que 22% ont entamé une formation. Un cinquième sont toutefois restés sur le carreau.

Bail lié à l'insertion

«Ceux-là, surtout des garçons, ont rencontré d'importantes difficultés face à leur projet d'insertion. A cela s'ajoute parfois la consommation de stupéfiants», explique Thierry Apothéloz, conseiller administratif de Vernier. Or, le bénéficiaire doit se montrer proactif: sa réinsertion est liée au contrat de bail. La commune peut résilier celui-ci lorsque les efforts sont jugés insuffisants. «Nous tolérons l'échec, mais il doit y avoir une marge de progression», poursuit le magistrat.

Caroline K., 20?ans, vit depuis le 15 septembre dans l'un des cinq appartements, situés aux Libellules ou aux Avanchets. Deux ans auparavant, alors qu'elle vient de terminer l'Ecole de culture générale (ECG), elle s'égare dans les paradis artificiels. S'en suivent «un an de galère», à vivoter, et des problèmes familiaux, jusqu'à ce qu'un travailleur social la prenne en charge. On l'envoie d'abord quelques mois en Ardèche, dans une famille, pour suivre une «cure».

A son retour, elle brigue très vite l'un de ces «appartements relais». Au bout de quatre mois, on lui trouve une place aux Libellules. «Ce quartier craint un peu, mais je n'allais pas faire la fine bouche.» Elle n'a alors ni emploi ni formation, mais doit payer 430?francs pour son deux-pièces. Le loyer est d'abord pris en charge par l'Hospice général jusqu'à ce que, à raison de deux rencontres par semaine avec sa conseillère en insertion, elle reprenne confiance et trouve un emploi. «Je touche 2000?francs par mois pour un 60% de caissière. Ce n'est pas folichon, mais ça me permet de payer mes factures. Et vu que je ne compte pas faire ça toute ma vie, je suis des cours du soir à l'ECG. Ensuite, je ferai un an de stage pour pouvoir entrer à la Haute Ecole de travail social», annonce-t-elle.

L'avenir et le quotidien

Voilà pour l'avenir. Au jour le jour, tout n'est pas simple: «Concilier études et emploi, payer son loyer, c'est des responsabilités. J'idéalisais un peu l'indépendance, mais j'apprends à gérer. Et maintenant, on me fait confiance; les visites à domicile sont plus espacées», conclut Caroline.

Au vu de ce premier bilan et de la longue liste d'attente, le principal bémol de cette expérience semble être le nombre d'appartements disponibles. Thierry Apothéloz entend s'y atteler en collaboration avec les deux fondations qui louent ces objets. «Je suis optimiste sur ce point. Mais il faudra alors engager du personnel, car je ne veux pas banaliser la démarche des conseillers en insertion, sans qui le processus ne fonctionnerait pas.» Réponse en novembre, lors du vote sur le budget 2010.

 

In www.tdg.ch

19.05.2009

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