• Home
  • Thierry Apothéloz défend les communes face à l’Etat centralisateur

Thierry Apothéloz défend les communes face à l’Etat centralisateur

27 septembre 2015 Thierry 0 Comments

article de Thierry Apothéloz suite à son élection à la présidence de l'Association des communes genevoises

Article paru dans la Tribune de Genève du 28 septembre 2015 – Luca Di Stefano

Thierry Apothéloz prend la présidence de l’Association des communes genevoises (ACG) à «un moment charnière»

Maire de Vernier, socialiste, Thierry Apothéloz a été élu samedi à la présidence de l’Association des communes genevoises (ACG). Le
successeur de Catherine Kuffer (PLR, Vandœuvres) entend bien redynamiser une association aux prises avec l’épineux dossier de la
répartition des tâches.

 

En tant que nouveau président de l’ACG, quels sont les défis à venir que vous identifiez pour les communes?

A mon sens, il y a trois défis principaux. Le premier: réussir le débat actuel sur la répartition des tâches entre les communes et le Canton. Les enjeux seront également financiers, notamment fiscaux mais pas seulement; le soutien aux communes qui créent du logement par un fonds de développement urbain en fait partie. Enfin, une attention particulière doit être portée sur les plus vulnérables. Ces cinq dernières années, le nombre de bénéficiaires de l’aide sociale n’a pas cessé d’augmenter. Pour la première fois, les enfants vivront moins bien que leurs parents. Il est indispensable que les communes soient prêtes, sans parler du vieillissement de la population. Elles sont le premier échelon de la proximité.

 

Qu’attendez-vous de la nouvelle répartition des compétences entre Canton et communes?

C’est un moment charnière pour notre service public. Nous arrivons au bout de l’exercice et nous devons repenser notre système. Mais on ne peut pas brusquer le processus. J’attends de notre gouvernement qu’il mène cette nouvelle répartition sans fixer des délais intenables aux élus locaux. Le Conseil d’Etat a été trop pressé et maladroit l’an dernier quand il a annoncé ses propositions sans consultation. Cela a eu pour conséquence de braquer les communes.

 

A quelques exceptions près, les comptes des communes montrent qu’elles se portent très bien. Pourquoi un tel décalage face à un Canton aux abois?

Principalement parce que l’Etat est beaucoup trop centralisateur à Genève, certainement un héritage de Napoléon. Aujourd’hui, aucun autre canton suisse n’a un tel fonctionnement. Les communes, elles, ont une administration à taille humaine et des compétences qui sont faibles.

 

Un rééquilibrage s’impose donc?

Il est plus que jamais nécessaire de se poser les bonnes questions sur des thèmes tels que le social, les aînés, la petite enfance, la culture, le sport… Les compétences décisionnaires des communes doivent être revues en matière de mobilité et d’aménagement du territoire, même si je ne pense pas qu’elles doivent délivrer les permis de construire, par exemple.

 

Avez-vous l’impression que le Canton lorgne l’argent des communes?

Le Conseil d’Etat est peut-être jaloux, mais il est néanmoins respectueux. En revanche, les députés font parfois preuve de moins de retenue.

 

Avant l’été a été fondée l’Union des villes genevoises (UVG). N’est-ce pas une scission au sein de l’ACG?

Ce n’est pas ainsi que je l’interprète. L’unité n’est pas l’uniformité. C’est comme une réponse à un défi dont l’ACG ne commence qu’à prendre la mesure: les bouleversements de certaines communes urbaines. Aujourd’hui, 82% de la population genevoise vit dans les villes; il est donc important de se retrouver autour de thématiques particulières. Il faut admettre que les problématiques de Carouge ne sont pas celles de Russin.

 

C’est donc un constat d’échec pour l’ACG?

Peut-être que si nous avions eu une attitude plus proactive, l’UVG n’aurait pas vu le jour. Je crois que l’ACG a tardé à prendre conscience de son virage de 2011, quand elle est passée d’une association privée à une association de droit public, légitime pour gérer certaines tâches. Aujourd’hui, elle gère près de 100 millions de francs! En tant que nouveau président, ma mission sera notamment d’en faire un espace de solutions. L’ACG doit être force de proposition.

leave a comment