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De Porteous à la Cité de la Musique

par Thierry Apothéloz

également publié sur le blog de la Tribune de Genève

Pour une nouvelle politique culturelle

Le 19 mai 2019, la population genevoise plébiscitait à une très large majorité (83.18%), l’initiative 167 « Pour une politique culturelle cohérente ». Le nouvel article constitutionnel adopté (art. 216) implique notamment que l’État promeut la création artistique et l’activité culturelle et qu’il coordonne une politique culturelle cohérente sur le territoire, en concertation avec les communes, en consultant les acteurs et actrices culturel.le.s. Il prévoit en outre que le canton et les communes s’accordent sur une stratégie de cofinancement pour la création artistique et les institutions.

Il faut reconnaître que la mise en œuvre concrète de cette initiative relève de la gageure, tant il est vrai que la politique culturelle repose à ce jour légalement sur une répartition assez rigide des tâches – et du financement – entre le canton et les communes. Ajoutons à cela le brusque coup de frein dû à la pandémie, qui a nécessité un engagement considérable de l’Office cantonal de la culture et du sport dans le soutien et l’indemnisation des milieux culturels, et on comprendra aisément que le projet n’a pas forcément pu avancer aussi vite que souhaité.

Qu’à cela ne tienne! Il nous appartient aujourd’hui de remettre ce délicat ouvrage sur le métier et de respecter la volonté populaire qui s’est massivement exprimée en faveur d’un changement de cap radical.

Afin d’y parvenir et de rassembler un maximum d’acteurs autour du projet, mon département lancera 12 ateliers participatifs entre le 7 et le 25 juin prochain. Ceux-ci traiteront de domaines aussi divers que les principes de concertation, de cofinancement de la création, de culture durable, de protection des acteurs et actrice.s culturel.le.s, d’industries créatives ou de formation. Certains ateliers seront ouverts à tous et toutes, d’autres s’adresseront prioritairement aux spécialistes, aux faîtières ou aux politiques. Au final, ces travaux aboutiront à la rédaction des lignes directrices de la politique culturelle cantonale et, surtout, permettront de proposer les modifications législatives nécessaires à la mise en œuvre de l’IN 167.

Rassembler, écouter, construire ensemble

Ce processus de consultation et de co-construction est une étape. Une étape nécessaire pour permettre au secteur culturel, qui a énormément souffert de la crise épidémique, de bénéficier du soutien qu’il mérite. On a en effet senti partout un réel manque de culture, dans toute la société et à tous les niveaux. Paradoxalement – et tragiquement – la situation sanitaire nous a fait nous rendre compte à quel point notre besoin de culture est viscéral. Certes, la tâche s’annonce ardue, car la culture est un domaine complexe, composé d’une incroyable galaxie d’acteurs et actrices aux intérêts et aux priorités parfois divergents.

Qu’on se le dise d’emblée: mon objectif est ici de susciter l’adhésion et aplanir les divisions. La culture est forte quand elle s’unit pour construire, et pas uniquement pour revendiquer. Je pense cependant que le besoin d’écoute des acteurs et actrices culturel.le.s est aujourd’hui tel que ce processus participatif apportera les réponses attendues. Je veux que l’énergie et l’enthousiasme qui accompagnent le renouveau de la scène et des activités culturelles puissent également se matérialiser dans le processus participatif que je lance aujourd’hui.

J’ai en effet le désir profond d’inclure toute la diversité du monde culturel genevois. La culture est un univers vaste et bigarré, mais tous et toutes y ont leur place légitime. Hiérarchiser les différentes formes de culture me gêne. Les opposer, encore plus.

J’accorde la même considération à Porteous qu’à la Cité de la Musique.

Un processus ouvert, avec des priorités claires

La participation, l’écoute, la concertation et la co-construction seront les moyens mis en œuvre pour parvenir à construire une politique culturelle cohérente. Celle-ci s’articulera sur un certain nombre de principes qui sont les priorités politiques que je défendrai.

En premier lieu, il est nécessaire aujourd’hui que la culture redevienne une politique publique cantonale centrale. Cela devra inexorablement passer par une augmentation des budgets dévolus à la culture à Genève.

En ceci, j’escompte notamment renforcer la participation du canton dans le co-financement non seulement des institutions, mais également de la création. C’est là un point central de l’IN 167.

Enfin, je souhaite soutenir de manière concrète la culture émergente et favoriser le renouveau de la scène locale genevoise.

Tout cela va demander du temps et de l’énergie. La culture mérite amplement cet investissement.

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