Accueillir le sport, mais refuser la haine

  • Home
  • Accueillir le sport, mais refuser la haine

Accueillir le sport, mais refuser la haine

9 mai 2023 Thierry Comments Off

C’est un incident bien particulier qui s’est produit le vendredi 21 avril en marge du match de football de l’UEFA Youth League qui a vu s’affronter les équipes espoir de Hajduk Split et du Milan AC: des supporters croates ont bruyamment défilé au centre-ville de Genève.

Peu de médias – mis à part la «Tribune de Genève» et le GHI qui a publié la vidéo de ce défilé – s’en sont fait l’écho, mais ces personnes vêtues de noir scandaient dans leur langue des slogans à la gloire du régime oustachi, appelant même, par un chant sur le même thème, à «égorger et tuer» ceux qui ne «s’allient pas avec nous». Lors de la finale de Youth League, trois jours après, c’est un drapeau oustachi qui a été vu dans le stade.

Pour prendre la mesure de ces faits, il faut savoir, comme l’a rappelé la CICAD dans son communiqué de presse, que le régime oustachi était un mouvement séparatiste, antisémite, fasciste et ultranationaliste mis en place entre 1941 et 1945 par Ante Pavelic, allié à l’Allemagne et à l’Italie pendant la Deuxième guerre mondiale. Ce régime a instauré une dictature responsable de la persécution, de la déportation et du massacre de minorités serbes, juives et Roms dans des camps de concentration et d’extermination.

Même si ce défilé n’a pas fait parler de lui outre mesure, il est indispensable de s’arrêter sur sa symbolique et condamner avec la dernière énergie ce déversement de propos haineux, qui font directement référence à une idéologie meurtrière. Des relents qu’on pensait appartenir à un autre siècle et qu’on n’avait, à ma connaissance, encore jamais vu à Genève. Cette manifestation, aussi choquante que scandaleuse, doit être dénoncée fermement. C’est là le rôle, également, d’une autorité politique, face à des discours défendant et faisant référence à des théories apparentées au nazisme. La banalisation de tels propos est dangereuse. Forts d’une norme pénale antiraciste dans notre arsenal juridique, leur propagation devrait même être poursuivie, partout et chaque fois qu’elle est malheureusement constatée.

De son côté, l’UEFA serait bien inspirée de prendre de véritables mesures pour combattre la propagation d’idéologies fascistes et nationalistes auprès des clubs de football et leurs soi-disants supporters. Au risque sinon de voir des villes réfléchir à deux fois avant de recevoir des rencontres émaillées de tels incidents. Le football et le sport en général méritent mieux que ça! Bien sûr, lutter contre la propagation de ces idéologies violentes suppose la mobilisation de tous: Etats, fédérations sportives nationales comme instances continentales. L’Histoire de notre continent doit nous rappeler que la paix et la fraternité entre les peuples s’accompagnent de garde-fous. Lorsque cela est nécessaire, des sanctions sévères doivent être prononcées contre les individus et les structures qui se rendraient coupables de telles exactions.

Le canton de Genève aime le sport, et célèbre le football, par sa capacité à fédérer les publics et unir les supporters. En revanche, il dénonce avec force la propagation d’idéologies violentes et haineuses. Il en va de la défense de nos valeurs et des droits humains.