Ce lundi 8 avril, un ami m’a proposé de l’accompagner à la soirée de commémoration de la Shoah à la salle des fêtes de Carouge. La thématique de cette année, celle de l’hommage aux 1,5 million d’enfants massacrés par la barbarie nazie, était particulièrement émouvante. Célébrant également les 70 ans du soulèvement du ghetto de Varsovie, cette cérémonie m’a beaucoup touché mais m’a aussi donné foi dans notre avenir, et dans l’espoir d’un futur sans haine, fraternel et tolérant. On le sait pourtant bien : sans passé, il n’y a pas d’avenir. Et des manifestations publiques telles que Yom Hashoah sont fondamentalement nécessaires. En fait, elles sont indispensables.
J’ai été touché par la présence de ces enfants et adolescents qui ont récité des textes bouleversants, en souvenir de ces autres enfants, qu’ils n’ont bien sûr pas connus, mais avec qui ils partageaient, en pensée, la douloureuse tragédie.
J’ai été touché par le témoignage poignant d’Ida Grinspan, déportée à l’âge de 14 ans et rescapée de l’horreur des camps, dont les mots, tellement justes, racontaient l’indicible et le cauchemar d’Auschwitz.
J’ai été touché, surtout, au moment de la récitation du Kaddish, par la force d’une communauté vivante, animée par la flamme du souvenir, dans le recueillement.
Il y a de cela 20 ans, alors jeune étudiant à l’école de commerce, j’avais organisé, en collaboration avec mon amie Claire Luchetta-Rentchnik (alors présidente de la LICRA), une rencontre avec Henry Bulwako, rescapé des camps. Je me souviens de ses mots : « vous êtes les flambeaux de la mémoire », adressés aux 300 jeunes collégiens qui assistaient à cette rencontre. Henry, aujourd’hui hélas disparu, était venu témoigner de l’Histoire. Mais surtout, il était venu nous parler de l’avenir. Il n’était pas venu nous raconter l’horreur, mais était venu nous demander l’espoir.
Cet espoir, je l’ai retrouvé dans les yeux des enfants qui, lundi soir, ont récité des textes emprunts de force et de vérité, pour que, jamais, ne s’éteignent les flambeaux de la mémoire si chers à mon ami Henry Bulwako.
Car, au fil du temps qui passe, le risque de l’oubli est réel. Les survivants disparaissent les uns après les autres, et loin de la force de leurs témoignages, il ne restera bientôt plus que leurs écrits et leurs images. Mais nous aurons perdu leur parole, leur contact, le réel de l’indicible tragédie. La Shoah n’aura plus de témoins directs, et si nous-mêmes, les nouvelles générations qui ont connu les survivants, ne perpétuons par les flambeaux de la mémoire, l’Histoire se figera dans le passé. Avec le risque de l’oubli. Et avec l’oubli viendront la relativisation et la banalisation. N’entend-on pas encore aujourd’hui des voix qui nient la réalité de l’horreur ? Faisons les taire, en cultivant, avec ferveur, le souvenir.
Car, et je pèse mes mots, la Shoah a probablement été la plus grande tragédie qu’ait connue l’Histoire de l’Homme. Pas seulement par son ampleur, mais surtout par sa nature. En allant aussi loin dans la barbarie, notre humanité a démontré qu’elle avait encore du chemin à parcourir avant de mériter le nom de civilisation. La Shoah est la plus douloureuse des leçons dont il nous faut sans cesse nous souvenir. Car, comme l’écrit Ida Grinspan « l’oubli serait aussi intolérable que les faits eux-mêmes ».
Je souhaite ici que les flambeaux de la mémoire ne s’éteignent jamais.
Yom Hashoah. Les flambeaux de la mémoire
Ce lundi 8 avril, un ami m’a proposé de l’accompagner à la soirée de commémoration de la Shoah à la salle des fêtes de Carouge. La thématique de cette année, celle de l’hommage aux 1,5 million d’enfants massacrés par la barbarie nazie, était particulièrement émouvante. Célébrant également les 70 ans du soulèvement du ghetto de Varsovie, cette cérémonie m’a beaucoup touché mais m’a aussi donné foi dans notre avenir, et dans l’espoir d’un futur sans haine, fraternel et tolérant. On le sait pourtant bien : sans passé, il n’y a pas d’avenir. Et des manifestations publiques telles que Yom Hashoah sont fondamentalement nécessaires. En fait, elles sont indispensables.
J’ai été touché par la présence de ces enfants et adolescents qui ont récité des textes bouleversants, en souvenir de ces autres enfants, qu’ils n’ont bien sûr pas connus, mais avec qui ils partageaient, en pensée, la douloureuse tragédie.
J’ai été touché par le témoignage poignant d’Ida Grinspan, déportée à l’âge de 14 ans et rescapée de l’horreur des camps, dont les mots, tellement justes, racontaient l’indicible et le cauchemar d’Auschwitz.
J’ai été touché, surtout, au moment de la récitation du Kaddish, par la force d’une communauté vivante, animée par la flamme du souvenir, dans le recueillement.
Il y a de cela 20 ans, alors jeune étudiant à l’école de commerce, j’avais organisé, en collaboration avec mon amie Claire Luchetta-Rentchnik (alors présidente de la LICRA), une rencontre avec Henry Bulwako, rescapé des camps. Je me souviens de ses mots : « vous êtes les flambeaux de la mémoire », adressés aux 300 jeunes collégiens qui assistaient à cette rencontre. Henry, aujourd’hui hélas disparu, était venu témoigner de l’Histoire. Mais surtout, il était venu nous parler de l’avenir. Il n’était pas venu nous raconter l’horreur, mais était venu nous demander l’espoir.
Cet espoir, je l’ai retrouvé dans les yeux des enfants qui, lundi soir, ont récité des textes emprunts de force et de vérité, pour que, jamais, ne s’éteignent les flambeaux de la mémoire si chers à mon ami Henry Bulwako.
Car, au fil du temps qui passe, le risque de l’oubli est réel. Les survivants disparaissent les uns après les autres, et loin de la force de leurs témoignages, il ne restera bientôt plus que leurs écrits et leurs images. Mais nous aurons perdu leur parole, leur contact, le réel de l’indicible tragédie. La Shoah n’aura plus de témoins directs, et si nous-mêmes, les nouvelles générations qui ont connu les survivants, ne perpétuons par les flambeaux de la mémoire, l’Histoire se figera dans le passé. Avec le risque de l’oubli. Et avec l’oubli viendront la relativisation et la banalisation. N’entend-on pas encore aujourd’hui des voix qui nient la réalité de l’horreur ? Faisons les taire, en cultivant, avec ferveur, le souvenir.
Car, et je pèse mes mots, la Shoah a probablement été la plus grande tragédie qu’ait connue l’Histoire de l’Homme. Pas seulement par son ampleur, mais surtout par sa nature. En allant aussi loin dans la barbarie, notre humanité a démontré qu’elle avait encore du chemin à parcourir avant de mériter le nom de civilisation. La Shoah est la plus douloureuse des leçons dont il nous faut sans cesse nous souvenir. Car, comme l’écrit Ida Grinspan « l’oubli serait aussi intolérable que les faits eux-mêmes ».
Je souhaite ici que les flambeaux de la mémoire ne s’éteignent jamais.
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