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Une certaine idée de la République

Dimanche prochain, les citoyennes et les citoyens genevois éliront une nouvelle Conseillère d'Etat ou un nouveau Conseiller d'Etat. Rarement le choix aura été aussi clivé entre les personnalités, les programmes, les valeurs.


Je me suis intéressé de près à celui du candidat PLR joliment intitulé « une certaine idée de Genève » et je dois dire que je n'ai pas été surpris.


Conseiller administratif de Vernier depuis 9 ans, j'ai pu constater, au quotidien, les effets de l'injustice sociale, l'injustice territoriale et ce, malgré la dignité des familles frappées par la précarité.

Oui je pèse mes mots : je parle de dignité.


Genève est un canton riche, attractif, avec un fort potentiel de croissance économique, mais Genève (se) découvre des quartiers dans lesquels les inégalités sont criantes. Pour le voir, le lecteur intéressé peut se référer au rapport établi par le centre d'analyse territoriale des inégalités (CATI-GE).


Ainsi personne ne sera surpris de la différence du revenu médian entre Vernier et Vandoeuvres, Onex et Cologny par exemple. Il est quasi du simple au double. Le taux des bas revenus, de chômeurs, de bénéficiaires de subsides sociaux ou de logements passe de 1 à 10.


Ceci n'est tout simplement pas acceptable dans notre canton, qui a fait de la cohésion sociale la force et le ciment de notre République.


Avec les communes, le Conseil d'Etat a pris la mesure de cet enjeu en présentant un projet de loi de cohésion sociale en milieu urbain. Cette démarche s'inscrit pleinement dans la philospihie du réseau d'enseignement prioritaire que Charles Beer a mis en place dès 2006. Elle vise à octroyer des moyens supplémentaires dans les écoles dont la majorité des familles sont modestes.


En tant que magistrat de Vernier, je salue cette démarche novatrice. L'école républicaine est indispensable pour la réussite de nos enfants. Dans les quartiers, dans les communes, cette loi permet une approche territoriale des problèmes. Elle associera les communes, la société civile, l'Etat dans un partenariat inédit afin de converger l'ensemble des politiques publiques vers des objectifs communs définis localement, vers un but commun : le mieux vivre ensemble.


Le 19 avril dernier, le parlement genevois a voté à la majorité cette loi. L'UDC et le PLR ont voté contre. Le candidat PLR est contre aussi. La charge est même lourde puisque, selon lui, la politique de cohésion sociale, dite politique de la ville, est qualifiée tour à tour de triste avatar, modeste loi qui se borne à créer un organe de concertation entre l'Etat et les communes en matière sociale, un machin ou encore le constat des inégalités sociales permettant de justifier l'augmentation des dépenses sociales dans certains quartiers.


Voici donc la conception du candidat PLR face à la réalité vécue par les habitantes et les habitants des quartiers concernés. Ils et elles apprécieront. Peut-on espérer que sa visite éclaire aux Libellules il y a quelques jours le fasse revoir son jugement.


Mais au fond que nous dit le candidat PLR ?


Que définir une politique de la ville, c'est décider de quel type de ville doit être celle de demain. Que chaque quartier se spécialise dans une activité. Qu'il faut une véritable mixité des activités et des modes de vie.


Il s’agit là de grandes thématiques qui relèvent davantage du projet d’agglomération (que ce soit en terme d’échelle ou en temporalité) que de la politique de cohésion sociale en milieu urbain destinée à agir dans certains quartiers.


A la question des inégalités sociales, le candidat PLR renvoie à la “ville imaginaire”. Avant de construire la ville de demain (pour rappel : moins de 1000 logements par année construits depuis 2009 alors que l’objectif fixé dans le Discours de Saint-pierre était de 2500), il nous faut panser la ville d’aujourd’hui, et les nombreux quartiers qui souffrent.


Être dans l’imaginaire pour ne rien faire n’est pas une attitude raisonnable.


Le PLR a donc décidé de ne pas s’intéresser à nos concitoyennes et concitoyens qui souffrent, à l’évolution de la précarité dans notre canton, à l’augmentation des injustices sociales et maintenant territoriales. Un calcul électoral insuffisamment “rentables” certainement !


Et bien je l’affirme, derrière nos références communes à la République, nous n’avons pas la même conception de la cohésion sociale, de la justice sociale. Comment ne pas être affligé par le mépris du candidat PLR à l’égard de cette démarche partenariale avec les communes alors qu’il est lui-même Conseiller administratif et a déploré le manque de concertation avec l’Etat dans le cadre du plan directeur cantonal par exemple !


Il ne peut y avoir dans notre République, la ville qui gagne et la ville qui souffre.


J'en suis convaincu : face à une mondialisation écrasante, face au contexte d
e crise que nous traversons, nous devons nous mobiliser pour davantage de solidarité, davantage de justice sociale, davantage de prestations publiques. Nous devons rétablir la primauté de l'humain sur l'économie et réaffirmer nos valeurs de cohésion sociale, de vivre ensemble et de justice sociale. C’est aussi cela la République.


Fort heureusement, Anne Emery-Torracinta, candidate de la gauche unie, l'a bien compris et s'y engagera à son arrivée au Conseil d'Etat.

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