J’ai lu avec intérêt sur le site de Jean-Claude RENWALD, Conseiller national, un papier sur la face cachée du bon marché et du gratuit que je partage avec vous.
Depuis quelques années, beaucoup de gens se réjouissent de partir en vacances en ne payant pratiquement rien pour le vol qui les emmène aux Baléares, en Grèce ou à Berlin, ou de ne plus devoir débourser le moindre centime pour « s'informer » grâce aux journaux gratuits.
Coût social et culturel On peut comprendre que beaucoup de nos concitoyens, spécialement ceux qui ont des revenus modestes, vénèrent ce genre de services. Mais on oublie souvent que les produits et les services bon marché ou gratuits ont aussi leur face cachée, à savoir un énorme coût social et culturel. Auteur d'un ouvrage aussi captivant qu'angoissant, « La fin des journaux et l'avenir de l'information » (Gallimard, collection Le Débat), Bernard Poulet, rédacteur en chef à « L'Expansion », résume le phénomène en ces termes : « Si le gratuit et le « low cost » se sont facilement développés, ce n'est pas uniquement grâce au numérique et à Internet. Les « low salaries » des employés sous-payés chez tous les « hard-discounters » y ont beaucoup contribué. Si les compagnies aériennes « low cost » tentent d'accroître leur chiffre d'affaires par des activités collatérales (agences de voyage, location de voitures, quand ce ne sont pas des jeux d'argent à bord des avions), leur modèle économique repose d'abord sur un personnel moins qualifié que dans les compagnies « normales », et surtout beaucoup moins nombreux. Les caissières des grandes surfaces touchent de très bas salaires. De même, l'information produite sur les sites Internet l'est par des journalistes payés au smic. »
Information à deux vitesses Dans tous ces cas, le service n'est effectivement pas de même qualité. Les « informations » fournies par un gratuit n'auront jamais la même fiabilité que celles que l'on trouve dans des publications (Le Monde, Le Temps, un bon quotidien régional,) dont les journalistes savent trier et hiérarchiser les informations, les mettre en valeur et surtout en perspective. Autant dire que l'on assiste là au développement d'une « société de l'information à deux vitesses ».
Les inégalités reviennent au galop Cette société à deux vitesses existe depuis belle lurette sur le plan social et économique, mais les inégalités ont encore tendance à se renforcer en raison de la crise et de la montée d'un capitalisme purement financier.
Revenant sur la nuit du 4 au 5 août 1789, qui mit fin, en France, à tous les privilèges de l'aristocratie, de l'Eglise et des provinces et qui les remplaça par l'égalité de tous devant la loi, « Le Monde » soulignait récemment que « plus de deux siècles après ce « grand soir égalitaire », la France paraît tout aussi corsetée, fractionnée et sclérosée par l'existence des privilèges ». Exemples : le principe de l'égalité devant l'impôt a volé en éclats, notamment avec le fameux « bouclier fiscal », qui a permis aux mille plus gros contribuables français de recevoir, en 2009, un chèque moyen égal à trente années de smic (350’000 euros) ; l'égalité devant l'école, établie par la République, n'a pas résisté aux logiques de l'élitisme social ; dans nombre d'entreprises, les privilèges sont synonymes de bonus, de primes et de parachutes dorés dont bénéficient certains dirigeants.
La situation n'est guère plus brillante en Suisse, où Hans Rudolf Merz mène une politique fiscale au service des catégories les plus aisées, tandis que Pascal Couchepin ne combat pas résolument la hausse des primes d'assurance maladie et que Doris Leuthart n'a pas encore pris toute la mesure de l'ampleur de la crise économique et sociale. Dans ces conditions, le « salut » ne passe pas par le gratuit et le bon marché, mais par une mobilisation collective pour de bonnes conditions de travail, des salaires dignes de ce nom et des mesures efficaces contre la récession. Autant de raisons de participer à la manifestation contre la crise que le mouvement syndical organise le 19 septembre à Berne.
Par Jean-Claude Rennwald, conseiller national (PS/JU), vice-président de l?USS
La face cachée du bon marché et du gratuit
J’ai lu avec intérêt sur le site de Jean-Claude RENWALD, Conseiller national, un papier sur la face cachée du bon marché et du gratuit que je partage avec vous.
Depuis quelques années, beaucoup de gens se réjouissent de partir en vacances en ne payant pratiquement rien pour le vol qui les emmène aux Baléares, en Grèce ou à Berlin, ou de ne plus devoir débourser le moindre centime pour « s'informer » grâce aux journaux gratuits.
Coût social et culturel
On peut comprendre que beaucoup de nos concitoyens, spécialement ceux qui ont des revenus modestes, vénèrent ce genre de services. Mais on oublie souvent que les produits et les services bon marché ou gratuits ont aussi leur face cachée, à savoir un énorme coût social et culturel.
Auteur d'un ouvrage aussi captivant qu'angoissant, « La fin des journaux et l'avenir de l'information » (Gallimard, collection Le Débat), Bernard Poulet, rédacteur en chef à « L'Expansion », résume le phénomène en ces termes : « Si le gratuit et le « low cost » se sont facilement développés, ce n'est pas uniquement grâce au numérique et à Internet. Les « low salaries » des employés sous-payés chez tous les « hard-discounters » y ont beaucoup contribué. Si les compagnies aériennes « low cost » tentent d'accroître leur chiffre d'affaires par des activités collatérales (agences de voyage, location de voitures, quand ce ne sont pas des jeux d'argent à bord des avions), leur modèle économique repose d'abord sur un personnel moins qualifié que dans les compagnies « normales », et surtout beaucoup moins nombreux. Les caissières des grandes surfaces touchent de très bas salaires. De même, l'information produite sur les sites Internet l'est par des journalistes payés au smic. »
Information à deux vitesses
Dans tous ces cas, le service n'est effectivement pas de même qualité. Les « informations » fournies par un gratuit n'auront jamais la même fiabilité que celles que l'on trouve dans des publications (Le Monde, Le Temps, un bon quotidien régional,) dont les journalistes savent trier et hiérarchiser les informations, les mettre en valeur et surtout en perspective. Autant dire que l'on assiste là au développement d'une « société de l'information à deux vitesses ».
Les inégalités reviennent au galop
Cette société à deux vitesses existe depuis belle lurette sur le plan social et économique, mais les inégalités ont encore tendance à se renforcer en raison de la crise et de la montée d'un capitalisme purement financier.
Revenant sur la nuit du 4 au 5 août 1789, qui mit fin, en France, à tous les privilèges de l'aristocratie, de l'Eglise et des provinces et qui les remplaça par l'égalité de tous devant la loi, « Le Monde » soulignait récemment que « plus de deux siècles après ce « grand soir égalitaire », la France paraît tout aussi corsetée, fractionnée et sclérosée par l'existence des privilèges ». Exemples : le principe de l'égalité devant l'impôt a volé en éclats, notamment avec le fameux « bouclier fiscal », qui a permis aux mille plus gros contribuables français de recevoir, en 2009, un chèque moyen égal à trente années de smic (350’000 euros) ; l'égalité devant l'école, établie par la République, n'a pas résisté aux logiques de l'élitisme social ; dans nombre d'entreprises, les privilèges sont synonymes de bonus, de primes et de parachutes dorés dont bénéficient certains dirigeants.
La situation n'est guère plus brillante en Suisse, où Hans Rudolf Merz mène une politique fiscale au service des catégories les plus aisées, tandis que Pascal Couchepin ne combat pas résolument la hausse des primes d'assurance maladie et que Doris Leuthart n'a pas encore pris toute la mesure de l'ampleur de la crise économique et sociale. Dans ces conditions, le « salut » ne passe pas par le gratuit et le bon marché, mais par une mobilisation collective pour de bonnes conditions de travail, des salaires dignes de ce nom et des mesures efficaces contre la récession. Autant de raisons de participer à la manifestation contre la crise que le mouvement syndical organise le 19 septembre à Berne.
Par Jean-Claude Rennwald, conseiller national (PS/JU), vice-président de l?USS
In www.renwald.ch
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