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Vernier devient le bon élève de la sécurité dans le canton

3 novembre 2011 Thierry 0 Comments

Après les médiateurs de nuit, la Ville veut notamment créer un réseau de concierge.

 

Au palmarès des villes les plus défavorisées du canton, elle arrive en tête. Vernier détient le plus haut taux de chômage et de bénéficiaires de l'aide sociale, le tout concentré dans ses cités emblématiques. Au récent diagnostic local de sécurité, Vernier la mal aimée affiche pourtant des résultats jalousés par les autorités cantonales: les petits délits, tout comme le sentiment d'insécurité, régressent. A-t-elle trouvé la potion magique?

L'étude analyse l'évolution de la situation à Vernier de façon plus précise que d'autres secteurs du canton. Alors que la petite et moyenne criminalité a augmenté dans le canton entre 2006 et 2010, passant de 52 à 58 cas pour 1000 habitants, elle a diminué à Vernier de 35 à 32?cas. Des résultats liés à une chute depuis 2006 du nombre de cambriolages, vols à l'astuce et à la tire. Ce à quoi s'ajoute un net recul des agressions et autres brigandages, depuis 2009.

Concertation des services

Le décalage entre le canton et Vernier s'observe aussi à travers le sentiment d'insécurité. Ce taux explose dans le canton, passant de 28,7% à 37,2% entre 2007 et 2010. Or, dans les quartiers réputés les plus sensibles, les craintes stagnent, voire reculent fortement, comme aux Avanchets. Ici, la moitié des résidents se sentaient désécurisés en 2007. Ils n'étaient plus que 38,5% l'an passé.

Loin de présenter sa ville comme un modèle, le maire Thierry Apothéloz évoque des points clés qui expliquent cette tendance. Comme l'augmentation des effectifs d'agents de police municipale (APM) de 11 à 17 membres en six ans et leur présence renforcée sur le terrain en réduisant leurs tâches administratives. Ces objectifs sont d'ailleurs visés par la police cantonale.

Réseau de concierges

A Vernier, les méthodes de travail ont aussi changé. «Nous organisons environ tous les mois des réunions avec la gendarmerie, la police municipale et des acteurs sociaux, explique l'élu. Ils partagent des constats pour agir de façon ciblée sur des problèmes ou des personnes. Mais chacun reste dans son rôle.» Ce genre de concertation existe aussi en Ville de Genève.

Cette procédure va se développer à Vernier, avec la mise en place l'an prochain d'une Cellule d'information et de coordination (CICO). «L'objectif consiste à cibler ensemble des opérations afin que tout le monde travaille dans le même sens, précise-t-il. Nous voulons éviter, par exemple, qu'une patrouille d'APM fasse tomber à l'eau un dispositif de surveillance des dealers mis en place par la police cantonale.» Le CICO, déjà expérimenté à Onex et à Bernex, relève d'une volonté communale, saluée par le Département de la sécurité. Son porte-parole précise que le Canton souhaite aller dans ce sens à travers le projet de police de proximité.

Autre point: le décloisonnement des services. Cinq postes de correspondants de nuit, rattachés au Service de la cohésion sociale, ont été créés cette année. Une initiative unique en Suisse romande. Ces médiateurs sillonnent les lieux sensibles la nuit, sept jours sur sept, afin de désamorcer les situations explosives. Dans un autre registre, un «réseau concierge», s'appuyant sur une cinquantaine de personnes, sera opérationnel l'an prochain. Le groupe pourra transmettre ses remarques, obtenir des conseils en contactant un répondant social ou de sécurité.

Mesures d'éloignement

Trop de concertation ne risque-t-il pas de nuire à l'action? «Cela pourrait être le cas, si les réunions n'étaient pas cadrées. L'augmentation de la présence des APM sur le terrain démontre le contraire», répond Thierry Apothéloz.

Enfin, des mesures d'éloignement pourraient aussi faire leur apparition, si l'Etat donne son accord. Objectif: mettre à l'écart des dealers dans le secteur touché des Avanchets.

Pour une fois que la Commune affiche des résultats positifs, son maire socialiste se permet de plaisanter: «Isabel Rochat aurait dû venir à Vernier au lieu d'aller à New York?» La conseillère d'Etat libérale avait profité d'un voyage officiel en septembre pour se rendre dans la métropole afin d'étudier sa politique sécuritaire.

 

Sophie Roselli- Tribune de Genève – 31 octobre 2011

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