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Thierry Apothéloz, pragmatique et à l’écoute des couches populaires

22 octobre 2013 Thierry 0 Comments

Thierry Apothéloz n’est pas dogmatique. Ceux qui ont côtoyé le candidat socialiste au Conseil d’Etat sont unanimes. «Je l’apprécie beaucoup. Il a des convictions, mais on peut échanger avec lui dans le respect mutuel», loue le libéral-radical Renaud Gautier, qui a siégé avec M. Apothéloz au Grand Conseil, avant que celui-ci n’entre à l’exécutif de Vernier en 2003.

Ce fils d’un peintre en bâtiment lancéen et d’une couturière suisse alémanique a grandi aux Avanchets. A 41 ans, après dix ans passés à diriger le Social, la Sécurité et l’Environnement urbain dans la commune la plus précarisée de Genève, cet éducateur spécialisé revendique son héritage modeste au moment de briguer la plus haute fonction du canton. «Je rappellerai le Conseil d’Etat aux priorités pour les classes populaires.» L’homme se verrait bien à la tête du Social ou de l’Instruction publique.

L’expérience verniolane et l’origine du candidat seront pour la gauche un atout au gouvernement, car celle-ci a laissé le terrain populaire au MCG à cause d’un discours intellectuel qui ne passe pas, se réjouit son camarade de parti Alberto Velasco. Lui qui se classe à l’aile gauche du PS se souvient avoir pratiqué l’opposition au Grand Conseil quand son camarade y cherchait des accords. Mais au second tour pour le Conseil d’Etat, le parti serre les rangs derrière ses deux poulains restants. Et M. Velasco vante le pragmatisme et la combativité du candidat. Il rappelle l’alliance électorale gagnante entre la gauche et la droite (le Vert Yvan Rochat, M. Apothéloz et le PLR Pierre Ronget) pour évincer le MCG Thierry Cerutti de l’exécutif verniolan, avec qui les conseillers administratifs progressistes étaient en guerre ouverte. Le Thierry socialiste se dit effectivement prêt à affronter l’extrême droite au gouvernement comme au parlement. Ainsi que la droite. Mais sans plus bénéficier de majorité. «Ça va être l’horreur, admet-il, et d’autant plus si l’Alternative ne passe pas en bloc. Mais je ne suis pas du genre à me laisser faire et je sais rassembler pour faire passer mes projets.»

Au point que la cheffe de groupe UDC au Conseil municipal de Vernier, Christina Meissner, va jusqu’à saluer le «laboratoire social» qu’est devenu Vernier pour le canton. L’interdiction de la pub pour le petit crédit? La Ville de Genève reprend l’idée. Une fête des promotions pour les retraités? La Ville emboîte le pas. Quant aux contrats de quartier, ils ont été étendus dans plusieurs communes. Mais quand Vernier veut gonfler le chèque famille alors que le canton vient d’augmenter les allocations familiales, la droite parvient à réduire les ambitions. «Les budgets pour la culture et le social explosent, on ne peut se le permettre!» M. Apothéloz assume ces priorités du Conseil administratif. Lequel a aussi mis l’accent sur la réinsertion professionnelle en tissant des liens avec un réseau de 250 entreprises, dont Ikea qui a engagé en priorité des habitants de la commune. A souligner que Vernier redouble d’efforts pour attirer les multinationales.

Mme Meissner se réjouit de «l’intelligence mutuelle» qui fait avancer la municipalité. Elle donne l’exemple des correspondants de nuit, ces médiateurs chargés d’apaiser les tensions sociales et réguler les incivilités qui font la fierté de M. Apothéloz. Un audit externe demandé par l’UDC, hostile, a permis de rallier le parti, désormais convaincu qu’il faut étendre le système – M. Cerutti insiste sur l’échec de la mesure. Quant à la police municipale, ses effectifs ont été drastiquement accrus.

Dans l’autre sens, c’est M. Apothéloz qui a fini par se rallier au projet de «police-population», une collaboration pour une meilleure information mutuelle. Il était porté par des habitants de villas fatigués par les cambriolages et menés par Mme Meissner et M. Cerutti. Il était demandé au canton que Vernier teste ce concept importé des Vaudois.

«Le dossier s’est avéré explosif, raconte Mme Meissner. Le libéral-radical Pierre Maudet regrettait que l’idée ne vienne pas de lui et le rose Apothéloz faisait blocage, car il ne voulait pas de ‘milices citoyennes menées par le flic Cerutti’. J’ai alors invité M. Apothéloz à dépasser les querelles personnelles et les préjugés idéologiques pour qu’il privilégie l’intérêt commun, ce qu’il a fait.»

Même ouverture à propos de la vidéosurveillance. S’il la bloque à Vernier, le magistrat apporte son soutien politique à la pose de vingt et une caméras aux Pâquis, une expérience pilote du canton. Quitte à heurter dans son camp. «Les études à ce sujet sont contradictoires et il n’y en a pas sur Genève, c’est pourquoi l’expérience des Pâquis nous permettra de prendre des décisions fondées», justifie M. Apothéloz.

Son portrait, dans la bouche de l’autre Thierry, change du tout au tout. «Pour m’affronter, il envoyait Yvan Rochat derrière qui il se réfugiait.» M. Cerutti appelle son ennemi «Pinocchio», car il mentirait, cacherait les problèmes sous le tapis et tirerait la couverture à soi… «Tout est faux, M. Cerutti me voue une haine aveugle.»

Rachad ARMANIOS, in Le Courrier, 19 octobre 2013

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