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L’ambition de la proximité d’une ville pas commune

1 octobre 2014 Thierry 0 Comments

Discours à l’occasion de l’assemblée générale de l’association des communes genevoises le 27 septembre 2014 au Lignon. 

Monsieur le président du Grand Conseil,

Monsieur le président du Conseil d’Etat,

Messieurs les Conseillers d’Etat,

Mesdames et Messieurs les Maires, Conseillères et conseillers administratifs, adjointes et adjoints, administrateurs et administratrices, chères et chers collègues,

Messieurs les anciens présidents de notre association,

Messieurs les présidents et représentants des partenaires des communes, IMAD, SIG, HG, BCGe, TPG,

Madame la directrice de l’Union des villes suisses,

Monsieur le représentant de l’association des communes suisses,

Madame la représentante de l’union des communes vaudoises,

Avec mes collègues du Conseil administratif, Yvan Rochat et Pierre Ronget, permettez-moi de vous souhaiter une cordiale et amicale bienvenue à Vernier, tout particulièrement au cœur de cette cité du Lignon, chère à mon cœur.

Comme certains d’entre vous le savent, j’ai posé ici mes valises il y a près de 15 ans. Dans cet immeuble, qui, il y a à peine vingt ans, tenait encore un record : celui d’être le plus long du monde.

Je l’avoue volontiers. J’aime cette Cité multiculturelle et ses habitant-e-s. Ses associations nombreuses. Ses infrastructures publiques. Son premier jardin robinson de Suisse. Son centre commercial. Elle a été construite au début des années 60 pour répondre à une grave crise immobilière, ressemblant furieusement à celle que nous vivons aujourd’hui. Il fallait de l’ambition et du rêve pour construire une cité comme celle-ci !

Le Lignon offre une parfaite image de notre canton, où les générations, les origines et les classes sociales se mélangent et vivent ensemble en harmonie.

Cette harmonie constitue un équilibre délicat qu’il convient de cultiver chaque jour, au risque de le voir dépérir si on n’en prend pas correctement et régulièrement soin.

A quelques pas d’ici, il y a deux semaines, un incendie terrible ravageait l’Eglise catholique du Lignon. Et voici un quartier traumatisé, alors même que quelques jeunes idiots trouvaient malin d’émettre des commentaires déplacés sur cette tragédie et postaient une vidéo pathétique sur les réseaux sociaux.

Il n’en fallait pas plus pour que les médias s’enflamment, dressent du Lignon et de ses habitantEs, un portrait catastrophique. Que ces mêmes médias véhiculent, de ce quartier, une image négative qui ne ressemble en rien à la beauté et à la sérénité que je lui connais.

Cet équilibre qui régit la cohésion sociale dans notre canton est donc un bien précieux, mais aussi un bien fragile. Il suffit d’une étincelle malvenue pour attiser le feu de la haine, de l’intolérance et du mépris.

Osons le redire : on ne gouverne pas en flattant les plus bas-instincts, mais en allant de l’avant, droit dans ses bottes, et fidèles à des idéaux démocratiques et républicains.

En ceci, il serait important pour toutes les communes comme la nôtre, qui sont touchées de plein fouet par la précarité, voire la pauvreté, de pouvoir enfin bénéficier des effets de la « loi sur la politique de cohésion sociale en milieu urbain » votée par le Grand Conseil en avril 2012.

Ce nouveau dispositif, pour lequel bon nombre d’entre nous ici se sont battus, doit dès à présent,  impérativement, déployer ses effets.

Encore récemment, le dernier rapport du CATI-GE de septembre 2014 montre que les inégalités ne cessent de se creuser. Il devient impératif que le Conseil d’Etat se penche sérieusement sur ce problème, avant que la fragile cohésion sociale, qui existe encore, ne vole en éclat.

Il n’est plus possible aujourd’hui d’ignorer encore les incroyables disparités de moyens qui existent entre les collectivités publiques à Genève.

Fermer les yeux ne fait que repousser l’inéluctable. Je vous invite Monsieur le président du Conseil d’Etat ainsi que vos collègues de ne jamais, jamais, renoncer à lutter contre les inégalités. C’est la pire des injustices et nous avons tous une responsabilité dans la poursuite de celles-ci.

Dans le climat politique actuel, fort de notre rôle de proximité, il est de notre devoir à nous, les magistratEs communaux, de montrer l’exemple et d’apaiser les peurs irrationnelles plutôt que de prêter le flanc les partisans de l’intolérance. Il nous faut pour cela résister aux sirènes du populisme ambiant et faire, au final, confiance à la sagesse et au bon sens de nos citoyenNEs.

Le récent chantier du désenchevêtrement des compétences, que le Conseil d’Etat a ouvert, est peut être l’occasion ou la porte d’entrée d’un nouvel équilibre territorial, mais surtout des compétences qui renforcent l’élaboration de solutions de proximité. Encore faut-il que nous puissions en avoir le temps. Car l’énergie ne manque pas. Pas même les idées.

Un autre axe est celui des finances. Les réformes financières (imposition lieu de domicile, réforme des entreprises, taxe professionnelle) de ces prochaines années donneront ou non la possibilité aux communes genevoises d’innover dans la recherche – une fois encore – des solutions rapides, efficaces, efficientes à destination de la qualité de vie dans nos quartiers et du mieux-vivre ensemble. Nous avons la responsabilité de nous battre pour que la proximité soit reconnue, valorisée, soutenue et non réduite à néant par des réformes insupportables.

Ici à Vernier, c’est l’ambition de tous les instants que nous menons.

Nous le faisons par des infrastructures et des projets conçus pour – et souvent aussi « par » les habitants.

Lorsque, dans l’invitation à cette assemblée générale, je vous ai dit vouloir vous surprendre, je ne vous mentais pas : c’est ici, au Lignon, que nous avons implanté les premiers « Contrats de Quartier » du canton. C’est ici que nous testons depuis près de 10 ans les bienfaits de la démocratie participative de proximité, qui donne la parole à toutes et tous, sans privilèges, quel que soit son âge, sa provenance, sa nationalité ou ses idées. Plutôt que de toujours décider du haut de notre mairie ce qui est bien, nous préférons demander en premier lieu aux habitants de nos quartiers ce que, EUX, ils veulent pour améliorer leur quotidien.

Et ce type de démarche fonctionne, croyez-moi : depuis 10 ans, ce sont près de 162 projets collectifs qui ont vu le jour ! Nous avons des bénévoles qui organisent des vide-greniers, gèrent un Beach-Volley durant les deux mois d’été, et une patinoire durant tout l’hiver. Nous avons des gens qui mettent en place des Ethnopoly géants, de ateliers informatiques à destination des seniors, des repas communautaires, des voyages pour personnes à mobilité réduite. Nous avons des jeunes qui s’impliquent à ouvrir des salles de sport, à proposer des aménagements sportifs urbains, à organiser des fêtes multiculturelles.de nous battre pour que la proximité soit reconnue, valorisée, soutenue et non réduite à néant par des réformes insupportables.

Nous développons des partenariats innovants avec les entreprises de la région, nous créons un restaurant à vocation d’intégration professionnelle pour y placer. Nous crééons un nouveau dispositif de correspondants de nuit pour assurer une plus grande tranquillité publique en complément de l’engagement d’agents de police municipale pour une sécurité de proximité.

Nous oeuvrons à un plan de mobilité exigent et ambitieux pour modifier les habitudes de mobilité pour un environnement plus sain. Nous offrons plus de 140 spectacles culturels, du théâtre à la danse, d’Antigel à la Bâtie, de la musique barock à Vernier sur Rock.

A Vernier, ce qui surprend, c’est aussi le formidable élan de la vie associative et les dynamiques communautaires qui foisonnent.

Au fond, j’aime à dire que Vernier est peuplée de vrais gens. Les vrais gens, ce sont celles et ceux qui ont dans le cœur la richesse qu’ils n’ont peut-être pas forcément ailleurs.

Alors, chères et chers collègues, chères et chers invités, je vous invite à vous laissez-vous surprendre par notre « ville pas commune ». Par son Lignon majestueux. Par ses quartiers populaires vivants. Par la richesse de sa diversité. A l’image de notre canton en somme.

Je vous souhaite une chaleureuse bienvenue à Vernier.

Thierry Apothéloz, maire de Vernier

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