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La justice sociale n’est pas une utopie, elle se bâtit petit à petit

20 novembre 2013 Thierry 0 Comments

J’aspire à une Genève plus juste. En tant que socialiste, je souscris donc à un idéal de justice « sociale ». Un idéal de société où chacun a sa place et peut vivre dans la dignité.

La justice sociale est un idéal d’égalité. Par ce terme, je n’entends pas une société où tout le monde serait identique ou également heureux. Le concept d’égalité vise en fait à reconnaître que chacun a une vie à mener et des projets dignes d’être poursuivis, ce qui justifie d’organiser la société d’une manière leur assurant des moyens égaux de réaliser leurs fins.

Ces moyens sont divers. Il y a bien sûr les libertés politiques et personnelles, mais aussi des biens, services ou opportunités tels le revenu, l’éducation, la santé, l’emploi, sans oublier l’environnement social et naturel qui peuvent contribuer à l’épanouissement des individus. Certains moyens sont nécessaires à presque tout individu, alors que d’autres ne conviennent qu’à certains. Nous ne cherchons donc pas à donner exactement les mêmes moyens à chacun, mais seulement à leur garantir des moyens qui seront adaptés à leurs projets pour qu’ils soient également outillés pour faire face à la vie et à ses défis.

Il va sans dire que l’intérêt de cette égalité est nécessairement lié à sa durabilité, tant écologique que socioéconomique et politique. Il est inutile de réaliser cette égalité si c’est pour la voir disparaître après quelques années parce que nos ressources sont épuisées ou s’il faut la maintenir d’une manière autoritaire.

Au niveau des ressources, nous pouvons tenter de limiter les grandes accumulations de moyens ou adopter des mesures qui améliorent le sort des plus désavantagés. Je pense qu’il y a plusieurs manières d’atteindre ces objectifs, que ce soit par le biais de transferts monétaires, du financement de services publics par les impôts ou de l’échange régulé sur le marché, mais ce qui doit nous guider c’est davantage l’effet durable sur les inégalités que l’attachement à des institutions ou politiques particulières. Cet argument sur les ressources est valable dans tous les secteurs de l’activité publique : inégalités scolaires, inégalités face à l’emploi, inégalité dans le logement, la santé, etc.

Travailler au quotidien sur ces problématiques, déconstruire les discours vindicatifs au profit d’un objectif commun de bien-être, c’est ce qui rend mon engagement socialiste pragmatique. Pragmatique, car je tente par petites touches, là où je le peux, de faire changer les choses.

Il est en effet illusoire de penser que l’égalité se décrète ou qu’elle se réalise rapidement. Il y a des étapes et des choix de société importants à faire. L’égalité est un idéal qui doit rester suffisamment éloigné pour sans cesse devoir y consacrer nos efforts, et suffisamment concret en même temps pour pouvoir y apporter continuellement des améliorations. Mais il doit, dans tous les cas de figure, dicter les choix politiques qui sont les notres, à une époque ou on a de plus en plus tendance à renoncer aux idéaux sociaux, sous prétextes qu’ils nivellent nos sociétés par le bas, alors même que, au contraire, ils sont les seuls à lui donner l’équilibre nécessaire pour sa survie. Mon engagement politique a toujours tendu vers cet objectif.

Tout cela peut sembler bien abstrait et ce serait dommage d’en rester sur cette impression. Mes dix années au Conseil administratif de Vernier ont montré que des exemples concrets existent : des correspondants de nuit pour assurer une plus grande tranquilité publique, des places de crèches en augmentation pour qu’elles profitent aux femmes, aux familles (en particulier monoparentales), à l’économie, des dispositifs d’insertion sociale et professionnelle en lien avec des entreprises partenaires, des contrats de quartiers pour faire vivre la démocratie participative et locale quelque soit le passeport.

Chacune de ces mesures, à sa façon, change durablement le quotidien des gens. Elles n’ont pas prétention à changer le monde ni à résoudre définitivement la question des inégalités, mais simplement à contribuer, chacune à sa façon, à renforcer la justice sociale en améliorant les conditions de vie des personnes à qui elles s’adressent. C’est cette politique déterminée des petits pas qui est, j’en suis persuadé, le chemin à suivre pour plus de justice sociale.

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