ENJEU – Plusieurs villes sont confrontées au manque de places d’accueil pour les tribus tsiganes. Elles ont décidé de solliciter l’aide des cantons.
Souvent mal vues par les habitants sédentaires, les populations tsiganes de passage embarrassent les communes où elles se rassemblent car il n’existe que très peu d’aires d’accueil adaptées à leurs besoins. Depuis plusieurs jours, la polémique enfle à la suite des débordements constatés dans certaines communes genevoises et vaudoises. Ce problème touche la Suisse entière, au point que le Conseil fédéral a lancé en 2006 une consultation de toutes les parties concernées (communes, cantons, villes, partis politiques et diverses associations) au sujet de la situation des gens du voyage.
Absence de collaboration
Dans le rapport découlant de cette consultation, la plupart des cantons admettent un manque général de places disponibles pour les gens du voyage, excepté quelques cantons, dont Genève et Vaud, lesquels estimaient ne pas être concernés par ce problème. Le document pointe aussi du doigt l’absence de collaboration intercantonale et remarque l’utilité «d’une implication conjointe des cantons, des communes et des gens du voyage». On aurait pu croire qu’un tel rapport allait améliorer les conditions d’accueil des populations nomades, et par là même, leurs relations avec les résidents suisses. Il n’en est rien. Quatre ans plus tard, les choses n’ont pas changé, ou presque. Interrogée à ce sujet, la Conférence des gouvernements cantonaux explique n’avoir eu vent d’aucune coopération entre les cantons concernant les gens du voyage. Quant à la réelle implication de ces derniers dans le processus d’accueil des gens du voyage, c’est encore loin d’être une réalité. A Genève, ni la chancellerie d’Etat, ni le Département de la sécurité, de la police et de l’environnement, ni le Département de l’intérieur et de la mobilité ne pouvaient dire hier de qui dépend ce dossier. Et chacun de se renvoyer la balle.
Interpellation du Conseil d’Etat
Cette faille pourrait toutefois être comblée à la rentrée de septembre, car Thierry Apothéloz, maire de Vernier, a décidé d’interpeller le Conseil d’Etat. Sa commune a connu des ennuis avec un rassemblement de gitans le week-end passé. «Le problème, c’est que rien n’est mis en place, ni ici ni dans le canton, pour ces gens. Avec Monique Boget, maire de Meyrin, nous allons agir afin d’éviter de nous trouver à nouveau dans une situation aussi délicate.» Leur requête? «Que le canton organise l’accueil de ces gens et que des contrats tripartites puissent se faire entre le canton, la commune et les gens concernés», expliquait récemment Thierry Apothéloz à la TSR. Cette demande n’est pas sans rappeler les conclusions du rapport de 2006. Mais le plus urgent, selon l’élu, réside dans l’apaisement de la situation. «Il faut trouver des solutions ne braquant personne. Certaines mesures ne sont pas bien comprises par la population et mènent à tenir des propos proches de ceux des années 1940, similaires à ceux entendus récemment dans les médias.» Pour Thierry Apothéloz, le meilleur moyen de prévenir ces dérapages reste l’anticipation et la coopération entre les différents départements. I
Paru le Vendredi 30 Juillet 2010 in « Le Courrier »
Gens du voyage : les cantons rechigent à régler les problèmes
ENJEU – Plusieurs villes sont confrontées au manque de places d’accueil pour les tribus tsiganes. Elles ont décidé de solliciter l’aide des cantons.
Souvent mal vues par les habitants sédentaires, les populations tsiganes de passage embarrassent les communes où elles se rassemblent car il n’existe que très peu d’aires d’accueil adaptées à leurs besoins. Depuis plusieurs jours, la polémique enfle à la suite des débordements constatés dans certaines communes genevoises et vaudoises. Ce problème touche la Suisse entière, au point que le Conseil fédéral a lancé en 2006 une consultation de toutes les parties concernées (communes, cantons, villes, partis politiques et diverses associations) au sujet de la situation des gens du voyage.
Absence de collaboration
Dans le rapport découlant de cette consultation, la plupart des cantons admettent un manque général de places disponibles pour les gens du voyage, excepté quelques cantons, dont Genève et Vaud, lesquels estimaient ne pas être concernés par ce problème. Le document pointe aussi du doigt l’absence de collaboration intercantonale et remarque l’utilité «d’une implication conjointe des cantons, des communes et des gens du voyage».
On aurait pu croire qu’un tel rapport allait améliorer les conditions d’accueil des populations nomades, et par là même, leurs relations avec les résidents suisses. Il n’en est rien. Quatre ans plus tard, les choses n’ont pas changé, ou presque. Interrogée à ce sujet, la Conférence des gouvernements cantonaux explique n’avoir eu vent d’aucune coopération entre les cantons concernant les gens du voyage. Quant à la réelle implication de ces derniers dans le processus d’accueil des gens du voyage, c’est encore loin d’être une réalité. A Genève, ni la chancellerie d’Etat, ni le Département de la sécurité, de la police et de l’environnement, ni le Département de l’intérieur et de la mobilité ne pouvaient dire hier de qui dépend ce dossier. Et chacun de se renvoyer la balle.
Interpellation du Conseil d’Etat
Cette faille pourrait toutefois être comblée à la rentrée de septembre, car Thierry Apothéloz, maire de Vernier, a décidé d’interpeller le Conseil d’Etat. Sa commune a connu des ennuis avec un rassemblement de gitans le week-end passé. «Le problème, c’est que rien n’est mis en place, ni ici ni dans le canton, pour ces gens. Avec Monique Boget, maire de Meyrin, nous allons agir afin d’éviter de nous trouver à nouveau dans une situation aussi délicate.» Leur requête? «Que le canton organise l’accueil de ces gens et que des contrats tripartites puissent se faire entre le canton, la commune et les gens concernés», expliquait récemment Thierry Apothéloz à la TSR. Cette demande n’est pas sans rappeler les conclusions du rapport de 2006.
Mais le plus urgent, selon l’élu, réside dans l’apaisement de la situation. «Il faut trouver des solutions ne braquant personne. Certaines mesures ne sont pas bien comprises par la population et mènent à tenir des propos proches de ceux des années 1940, similaires à ceux entendus récemment dans les médias.» Pour Thierry Apothéloz, le meilleur moyen de prévenir ces dérapages reste l’anticipation et la coopération entre les différents départements. I
Paru le Vendredi 30 Juillet 2010 in « Le Courrier »
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