Lettre d’information du Bureau de l’intégration et de la citoyenneté « Trois questions à Thierry Apothéloz »

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Lettre d’information du Bureau de l’intégration et de la citoyenneté « Trois questions à Thierry Apothéloz »

26 juin 2023 Thierry Comments Off

Thierry Apothéloz, conseiller d’Etat chargé du département de la cohésion sociale est l’invité de la rubrique « Trois questions à… »

A travers cet interview, vous en saurez plus sur le changement de nom du BIE, vous découvrirez les grands axes de la prochaine législature en matière d’intégration et de lutte contre le racisme et enfin, vous en apprendrez davantage sur le dispositif estival mis en place.
Nous vous souhaitons une bonne lecture.

1) Depuis le 1er juin, le bureau de l’intégration des étrangers (BIE) a changé de nom et est devenu le bureau de l’intégration et de la citoyenneté (BIC). Pourriez-vous nous expliquer ce qui vous a conduit à prendre cette décision ?

Depuis 2018, je suis chargé de conduire la politique d’intégration des étrangers et de lutte contre le racisme dans le canton de Genève. Durant ces cinq années, j’ai pu échanger sur le terrain, participer à de multiples événements, dialoguer avec un grand nombre de partenaires des milieux associatifs, institutionnels et académiques sur les enjeux de l’intégration, de la citoyenneté et des discriminations. Il ressort de l’ensemble de ces échanges ainsi que des concertations que nous avons menées dans la perspective du renouvellement du Programme d’intégration cantonal 2024-2027 que la politique d’intégration ne concerne pas uniquement les personnes migrantes mais l’ensemble de la population. Elle doit être plus inclusive et favoriser une double dynamique : l’ouverture accrue de la société d’accueil et la participation active des personnes issues de la migration à la vie locale. Il ne suffit pas simplement d’appeler à une plus grande participation, mais il est crucial de créer des conditions favorables pour que cela devienne une réalité. Ainsi, la politique d’intégration permet d’améliorer ces conditions, notamment par le biais des cours de français et des multiples projets permettant aux personnes nouvellement arrivées dans notre canton – voire même celles établies depuis plus longtemps –  de mieux comprendre la société d’accueil, les institutions, et tout ce qui contribue à la cohésion sociale du canton. En clair, je souhaite mettre en œuvre une politique d’intégration plus inclusive et durable corrélée à une politique ambitieuse de lutte contre les discriminations liées à l’origine et la religion.

2) Quels seront les grands axes de la prochaine législature en matière d’intégration et de lutte contre le racisme ?

Premièrement, nous allons mettre en œuvre le nouveau Programme d’intégration cantonal (2024-2027), fruit d’un travail collectif avec l’ensemble des partenaires de l’intégration tant au niveau associatif qu’institutionnel. Ce programme, construit grâce à la participation de la population genevoise lors d’une consultation ouverte, comprend 63 mesures qui couvrent tous les domaines de l’intégration, depuis l’encouragement préscolaire jusqu’à l’employabilité, en passant par l’intégration sociale et la lutte contre les discriminations.

Deuxièmement, l’autre grand défi est constitué par l’Agenda Intégration Suisse (AIS). Depuis trois ans, nous avons complètement reconstruit la prise en charge en matière d’intégration sociale et professionnelle des personnes relevant du domaine de l’asile en proposant un dispositif d’intégration agile et capable de répondre aux besoins identifiés pour chaque personne. Je me réjouis de pouvoir présenter les résultats de ce qui constitue une avancée importante dans le domaine des politiques sociales, notamment en matière de collaboration interinstitutionnelle avec les départements concernés de l’Etat de Genève, l’Hospice général (HG), la Fondation Officielle de la Jeunesse (FOJ) et les partenaires sociaux.

Troisièmement, je souhaite poursuivre et développer l’ensemble des projets en lien avec les enjeux de la citoyenneté et de la participation au niveau des quartiers et des communes. Je peux citer en exemple le dispositif du Conseil des habitant-e-s qui est en train de se déployer dans trois communes. L’objectif de cette démarche est de redonner du pouvoir d’agir aux personnes résidant dans notre canton en multipliant les possibilités de participation pour celles qui souhaitent œuvrer pour une meilleure cohésion sociale sur notre territoire.

Enfin, et ce n’est pas des moindres, nous allons continuer nos travaux législatifs. Après avoir réussi à faire adopter une nouvelle loi pour l’égalité et contre toute les discriminations (LED), nous allons désormais travailler au développement de la LED-racisme dont les travaux vont commencer durant l’été. Je souhaite que mon département puisse proposer un projet de loi au Conseil d’Etat avant la fin de l’année. L’avènement de la LED-racisme permettra de donner un signal fort en matière de lutte contre le racisme et surtout un cadre légal efficace au plan cantonal.

Et puis, je n’oublie pas non plus que nous allons également intensifier les synergies au sein du département de la cohésion sociale avec les politiques culturelles et sportives, qui offrent un potentiel particulièrement important. J’en veux pour preuve l’événement qui a eu lieu le 18 juin au parc des Evaux dans le cadre de la journée mondiale des réfugiés. La Together Run, initiée par le champion suisse et genevois Tadesse Abraham, lui-même issu de la migration, est un magnifique exemple à suivre. Le sport et la culture sont de fantastiques vecteurs d’intégration et de citoyenneté.

3) Des recommandations pour la période estivale qui arrive ?

Je suis ravi de constater que le projet des « Chapiteaux enchantés », que nous avions lancé en en 2020 en pleine pandémie de COVID continue à se développer et se déployer dans cinq communes durant l’été. Ce projet est né du constat que, lors de l’été 2020, l’ensemble des événements estivaux autour de la cohésion sociale et de l’intégration étaient annulés les uns après les autres. Les familles et les enfants n’avaient donc plus accès à ces offres et ne pouvaient pas non plus partir en vacances. Nous avons donc fait le pari audacieux d’investir des quartiers avec une offre pédagogique et culturelle centrée sur le développement de l’enfant de 0 à 4 ans. Nous avons insisté sur le fait que ces expériences culturelles étaient à vivre ensemble (parents et enfants). Je vous encourage à venir faire un tour et participer à cette magnifique expérience que sont les Chapiteaux enchantés : des activités variées auxquelles parents et enfants peuvent participer en toute simplicité et gratuitement. Je n’oublie pas le dispositif « Français en été » qui se déroulera sur l’ensemble du territoire en partenariat avec les communes et qui, lui aussi, permet de combler une période estivale où bon nombre de cours de français s’arrêtent. Grâce à ce projet, de nombreuses personnes pourront ainsi poursuivre leur parcours d’intégration sociale par le biais de l’apprentissage de la langue.

Enfin, j’en profite pour vous souhaiter à toutes et tous un très bel été.