Inauguration du Musée international de la Réforme MIR – Discours

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Inauguration du Musée international de la Réforme MIR – Discours

27 avril 2023 Thierry Comments Off

Discours réalisé lors de la réouverture du Musée international de la Réforme
Cour Saint-Pierre 10 – le mercredi 26 avril 2023 à 18h30

Le conseil d’Etat prêtera serment juste à côté d’ici, à St-Pierre, autrement dit, sous les voûtes de la cathédrale. Ce rituel rappelle combien la Réforme est présente dans l’ADN de la République. L’Église et l’État sont séparés depuis 1907 mais on ne se débarrasse pas d’un tel héritage.

Pendant mille ans, Genève a connu des évêques. Depuis 1535, la cathédrale est réformée. Au détour d’une colonne, on peut même admirer le siège de Calvin. Il n’a rien d’un trône. C’est une petite chaise très ordinaire. L’ADN de la Réforme, c’est ça : grandeur et modestie.

Et c’est là que les corps constitués de la République vont recevoir le serment du Gouvernement. La cathédrale deviendra pour quelques heures un « temple civique » – c’est la terminologie – et le programme quinquennal que le président ou la présidente prononcera à cette occasion s’appelle – c’est très parlant – le « Discours de Saint-Pierre« .

Pourquoi ce rappel, alors que nous participons aujourd’hui à la réouverture du Musée international de la Réforme ? Parce que la Réforme n’est pas une affaire religieuse uniquement.

La Réforme, c’est bien plus que cela. C’est un renouveau culturel. C’est une philosophie. C’est l’engrais d’une influence mondiale. C’est le feu d’un rayonnement économique et politique à qui Genève doit une bonne part de sa prospérité.

Un exemple? Prenez l’ONU. Elle apporte beaucoup à Genève. Mais pourquoi l’ONU et ses principales agences sont-elles à Genève? Pour des raisons géopolitiques me direz-vous. C’est vrai, mais pas seulement. Le fait est que le promoteur de la première Société des Nations, le président américain WILSON, était presbytérien et vouait une affection particulière à la Genève protestante. Pour cette raison, il voulait la SDN à Genève.

Mesdames et Messieurs,

Le Musée international de la Réforme fait le lien. La Réforme n’est pas seulement l’avènement d’une foi. C’est le creuset d’un état d’esprit. C’est l’étincelle de l’engagement humaniste d’une Genève à l’écoute du monde. C’est l’engagement d’une Genève riche qui partage… pas assez à mon goût… et qui se préoccupe des démunis.

C’est ce que Gabriel de MONTMOLLIN et ses équipes ont compris. Le fait que, après Marseille et Strasbourg, l’exposition temporaire « Déflagrations » soit présentée au MIR, pour sa réouverture, souligne combien la Réforme s’intéresse globalement à tout ce qui fait l’humanité, et aussi à tout ce qui la défait.

En novembre 2021, Save the Children annonçait que « plus de 450 millions d’enfants dans le monde   vivent dans une zone de conflit « . Un sur six !

En juillet 2022, le Comité des Droits de l’enfant déclarait que « un nombre record de 36,5 millions d’enfants ont été déplacés de leur domicile en raison de conflits, de violences et d’autres crises. »

Déflagrations est un porte-voix. De nombreux intervenants et intervenantes de la société civile apportent leurs contributions. Le projet réunit de nombreuses organisations comme le HCR, l’UNICEF et des ONG parmi les plus importantes. Quelques-unes d’entre elles participeront d’ailleurs à une table ronde, ici même, le 10 mai, à 18h30.

Enfants, institutions internationales, musées, bibliothèques, artistes, juristes, reporters, chercheurs, écrivains… Toutes les voix sont nécessaires pour rappeler que le propre de l’humanité, c’est… son humanité, et que celle-ci est bien malmenée.

En dessinant l’in-humanité des guerres et les « Déflagrations » du monde, les enfants questionnent. Avec gravité et profondeur, ils parlent de la guerre. Ils disent la cruauté. Ils disent que Solferino, c’est aujourd’hui encore. Ils le disent avec leurs crayons, et c’est puissant.

D’un point de vue thématique, on aurait d’ailleurs pu voir cette exposition au Musée international de la Croix-Rouge (et je salue ici son directeur Pascal HUFSCHMID[1]). Historiquement, on sait que la Croix rouge et la Croix huguenote sont proches. Pour rappel, on trouve ici, parmi des objets retraçant la petite et la grande histoire du protestantisme, un drapeau du CICR. Ce n’est pas anodin. Le comité international de la Croix-Rouge est issu initialement, comme ce Musée, de l’énergie de grandes familles protestantes de Genève. Qu’elles en soient, une fois encore, remerciées.

Mesdames et Messieurs,

Je ne sais pas si les fondateurs du MIR y ont pensé, en 2005… Mais en russe, MIR veut dire Paix. Vous admettrez que, en 2023, l’acronyme prend une résonance particulière. Cet écrin magnifique, la Maison Mallet, ce lieu de paix et de mémoire, a été confié aux meilleurs architectes et aux meilleurs designers. Le résultat est probant.

Citer toutes celles et ceux qui ont contribué à ce succès, le plus souvent dans l’ombre, prendrait la soirée entière. Et puis, cela contreviendrait à la discrétion protestante… Mais sachez que le Conseil d’État tout entier s’associe à moi pour saluer cette réalisation. Elle est importante pour notre ville, pour notre canton et pour notre pays. La dimension humaniste de Genève s’exprime ici d’une manière riche, novatrice, historique, contemporaine et toujours actuelle. Genève dispose de beaux musées, mais celui-ci est particulier : il est unique au monde. Je lui souhaite longue vie.