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Photo de Thierry Apothéloz par ©Carlos Serra

Contre le radicalisme, allier la sécurité à un vrai travail de fond

27 juillet 2016 Thierry 0 Comments

Texte paru le 27 juillet 2016 dans la rubrique Invité de la Tribune de Genève

A l’initiative de l’Union des Villes Suisses, une conférence nationale ayant pour thème la prévention et la lutte contre la radicalisation et l’extrémisme s’est tenue à Berne le 23 juin dernier. En ma qualité d’élu d’une grande commune urbaine, j’y ai été amené à prendre la parole au milieu d’un panel d’experts. Ceux-ci ont tous conforté mon opinion selon laquelle la radicalisation se construit chez les individus pour lesquels la société n’offre ni projets futurs, ni perspectives. Cela questionne donc naturellement notre capacité à concevoir et faire partager une véritable politique d’inclusion économique et sociale au sein de la société. Et particulièrement chez les jeunes, qui constituent la cible privilégiées des recruteurs qui s’attaquent sans vergogne à leur manque de repères. Dans une société toujours plus concurrentielle, dans laquelle les relations sociales se délitent, où on atomise les individus et où les systèmes de valeurs traditionnels explosent les uns après les autres, les jeunes sont des cibles faciles. Et se laissent dès lors aisément embrigader dans des projets qui nous semblent, à nous, complètement fous, mais qui constituent pour eux la promesse d’un destin, d’une aventure et d’un espoir. Un espoir qui, sous nos latitudes, leur paraît interdit.

La situation n’est pourtant pas inéluctable. Je m’y refuse avec la dernière énergie. Que ce soit au moment du lancement du réseau des villes contre l’extrémisme à New-York en septembre dernier ou à Berne, j’ai pu assister à la même conclusion : allier l’action coordonnée de la sécurité publique à un vrai travail de fond. La force publique doit être intransigeante à l’égard des recruteurs et des discours de haine. Et en parallèle investir – massivement – dans la cohésion sociale. Renforcer le pouvoir d’agir de toutes les citoyennes et de tous les citoyens, en les faisant participer à la vie publique et politique ; Renforcer le pouvoir d’agir des associations. Augmenter les moyens pour la culture et le sport. Inscrire tous les jeunes dans une intégration scolaire et professionnelle réussie ; lutter contre la pauvreté, en cessant de malmener et de réduire nos assurances sociales.

Dans ce concert de mesures, il est clair que la Confédération ne peut agir seule ni même les Cantons. Les communes ont un rôle majeur à jouer. C’est déjà le cas dans la plupart d’entre elles, avec les moyens qui sont les leurs. Jouer la carte de la proximité, pleinement, c’est faire reprendre confiance dans la chose publique, dans le vivre-ensemble et dans ce qui fait société. C’est là le seul remède, à long terme, contre le terrible mal de l’extrémisme violent qui frappe notre démocratie.

Thierry Apothéloz, Conseiller administratif de Vernier

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