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« Un politique de proximité permet de lutter contre la radicalisation »

30 décembre 2017 Thierry 0 Comments

Interview réalisée dans le magazine focus 8/17 décembre · Union des villes suisses

En novembre, vous avez été au «Sommet des Maires» à Barcelone qui a traité la lutte contre l’extrémisme violent. Avec quelles conclusions en êtes-vous revenus?

Ce sommet a démontré que la lutte contre l’extrémisme devait se décomposer sur plusieurs terrains d’intervention (prévention, information, répression). La question de la préservation des liens sociaux et de l’action de proximité en amont a été largement évoquée, ce qui est une bonne chose. Avant d’être une problématique de sécurité publique, la question de l’extrémisme est avant tout une question sociale.

Quels sont les défis spécifiques dans ce cadre que vous avez à relever dans votre ville?

Vernier est une ville populaire. Elle est la plus précarisée du canton de Genève et doit fait face aux nombreux défis de cohésion sociale et de vivre-ensemble qui se posent dans les quartiers urbains, comme partout ailleurs. L’objectif central de notre politique est de maintenir le lien avec les populations les plus vulnérables, celles qui sont les plus susceptibles de connaître un processus de radicalisation. Il faut occuper le terrain, par tous les moyens et offrir du service public de qualité, qui renforce le sentiment d’appartenance et la citoyenneté. C’est la proximité qui permet de lutter contre le sentiment d’abandon et d’exclusion.

Après les attentats de Paris, le Canton de Genève a mis en place une plate-forme de détection et de prévention de la radicalisation. Comment fonctionne cet instrument aujourd’hui?

Cela fonctionne plutôt bien, car la démarche genevoise fait appel à des professionnels de l’action sociale et de la sécurité, en lien direct sur le terrain avec les jeunes. Elle vise à prévenir les risques et intervient de manière coordonnée et intelligente avec les services en charge des questions sécuritaires. Tous les partenaires tirent ensemble à la même corde.

Le Plan d’action national souligne l’importance de la collaboration interdisciplinaire. Comment les autorités de Vernier coopèrent-elles concrètement?

Il faut une volonté politique forte pour sortir les acteurs concernés de leur champ d’activité habituel et apprendre à les faire travailler ensemble. Ce n’était pas évident, mais aujourd’hui, cela ne pose plus de problème. Nous travaillons sur le principe du «problem solving» (identification d’une situation problématique avec implication immédiate de tous les acteurs de terrain concernés pour trouver rapidement une solution) et ce dans le respect des prérogatives des uns et des autres. A Vernier nous avons des réunions très fréquentes entre services de police, travailleurs sociaux et médiateurs urbains, qui donnent des résultats concrets et tangibles.

Quelles mesures conseillez-vous aux villes et communes disposant d’un budget restreint?

La question est moins budgétaire que politique. Il faut encourager tous les acteurs à travailler ensemble, pour le bien de toutes et tous, et dans le respect des compétences de chacun. Tout le monde possède une partie de la solution, mais personne ne peut à lui seul résoudre les problèmes. C’est une culture basée sur la participation, la collaboration et la confiance qui produit les meilleurs résultats. J’en suis convaincu.

À Vernier et dans le Canton de Genève de nombreux efforts de prévention ont déjà été entrepris. Où pensez-vous que des mesures supplémentaires sont le plus nécessaires?

La question de la lutte contre l’extrémisme violent dépasse de loin les seules compétences des communes. Il faut cesser les attaques répétées de notre système d’assurance et d’aide sociale, car cela crée des situations de rupture qui, à la longue s’avèrent dangereuses. Investir maintenant auprès des jeunes vaut mieux de devoir réparer.

À quoi ressemblera Vernier dans 20 ans?

Ce sera une ville avec davantage encore de solidarité et de projets innovants. Je souhaite que sa qualité de vie soit reconnue et qu’elle soit estimée pour son dynamisme et la diversité de ses habitant-e-s.

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