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Ne crions pas victoire! Nous avons simplement sauvé les meubles.

L’UDC occupe systématiquement – et ce avec un terrible succès – le devant de la scène politique sur les questions liées à la migration. Ce dimanche 28 février de votations fédérales était attendu avec une certaine anxiété. Anxiété devant la déferlante de haine et de mépris à l’égard de la population étrangère qui vit dans notre pays. Anxiété devant un discours du parti agrarien qui se radicalise d’année en année. Anxiété face au spectre d’un nouveau tour de vis injustifié autant qu’injustifiable à cette immigration qui fait notre richesse.

Après le résultat surprise du 9 février 2014 qui a mis un coup d’arrêt à notre prospérité, jeté l’opprobre sur notre réputation d’accueil, il était à craindre qu’un nouveau scénario catastrophe se reproduise.

C’était sans compter sur le sursaut citoyen et démocratique qui s’est développé tout au long de la campagne et qui a permis de stopper net la surenchère populiste nauséabonde de l’UDC. Un sursaut qui s’est matérialisé par une participation quasi-historique et par une mobilisation d’opposants rarement aussi diversifiée et large.

Certes, il a fallu se battre, longtemps, en mobilisant des forces considérables, pour repousser cette initiative sur le renvoi des criminels étrangers. Il a fallu faire appel à la raison, à la pesée des conséquences, au réveil des consciences, à notre histoire, à notre bon sens. Il a fallu parler des détails de cette loi, écrite au coin d’une table, qui mettait au même niveau des crimes qui n’avaient rien avoir les uns avec les autres ou qui aurait par exemple lourdement condamné tout Suisse ayant commis une erreur dans ses déclarations impôts ou assurances sociales. Il a fallu mobiliser des trésors d’arguments pour expliquer pourquoi ce texte allait trop loin et pourquoi il était, à bien des égards, inhumain.

Ne crions pourtant pas victoire! Nous avons simplement sauvé les meubles et obtenu le droit de respirer. Un petit sursis. Bienvenu, certes. Mais un sursis quand même.

Jusqu’à la prochaine salve

Car l’UDC ne s’arrêtera pas là. Ne croyons pas une seconde que cette défaite, même cuisante, sonne le glas de ses ambitions démagogiques en matière de migration.

L’UDC n’aime pas la Suisse. Du moins, pas celle que je connais et au milieu de laquelle j’ai grandi. Cette Suisse bigarrée, multiple, hétérogène et originale. Cette Suisse qui fait notre fierté, et qui a permis jusqu’ici notre développement et nos succès économiques.

Cette Suisse multiculturelle, l’UDC n’en veut pas. L’UDC a demandé au peuple suisse de créer des citoyens de deuxième classe. Le peuple suisse lui a répondu sèchement qu’il ne voulait pas de cela dans notre pays. Au lieu de marcher dans le sens de l’Histoire, d’accompagner et de faire face aux bouleversements migratoires actuels – et qui n’ont aucune chance de s’arrêter dans le futur – l’UDC s’arqueboute sur une vision de la Suisse qui n’a jamais existé mais dont elle essaie de faire croire à l’existence. L’UDC propose des lois rigides et impossibles à appliquer au lieu de proposer une politique cohérente qui unit, à la hauteur de notre pays.

Un sursaut citoyen, c’est bien. Mais le futur nous réserve encore bien des surprises et de nouveaux combats à mener. A nous, peuple souverain, de montrer que la Suisse que nous voulons ne ressemble en rien à celle que l’UDC nous a proposée le 28 février.

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