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Un nouveau concept opérationnel de défense incendie et de secours pour améliorer la sécurité

Article paru dans la Feuille d’Avis Officiuelle de la République et Canton de Genève

Lors de l’assemblée générale de l’Association des communes genevoises (ACG), le 24 février dernier, une étape importante a été franchie en décidant de poursuivre le processus de mise en œuvre du concept opérationnel de défense incendie et de secours qui sera déployé progressivement d’ici 2030 sous les auspices du canton. Les axes forts de ce nouveau concept: temps d’intervention améliorés, mutualisation et standardisation des matériels, complémentarité optimisée entre sapeurs-pompiers professionnels et volontaires

A ce jour, le dispositif cantonal de prévention et de lutte contre les incendies en vigueur ne permet plus aux sapeurs-pompiers, tant professionnels (SPP) que volontaires (SPV), d’intervenir dans les délais recommandés à l’échelon national par la Coordination suisse des sapeurs-pompiers (CSSP): dix minutes dans les zones principalement à forte densité de constructions et quinze minutes dans les zones principalement à faible densité de constructions. Un taux minimal de 80% d’interventions dans les délais doit être respecté durant une année civile et le canton de Genève se situe en-deçà de ce seuil.

Un dispositif actuellement peu adapté

Reposant sur des principes datant de 1973, le dispositif actuel ne permet plus de respecter ces prescriptions. En outre, du fait qu’il offre peu d’adaptabilité, il ne permet pas d’appréhender les évolutions structurelles, démographiques et technologiques en cours et à venir. Les principaux facteurs qui rendent la révision du dispositif actuel indispensable sont les suivants:

  • les temps d’intervention qui ne sont respectés qu’à 60% (objectif minimal 80%);
  • la nécessité d’assurer un service sécuritaire vis-à-vis de la population qui soit adapté à l’évolution de la cartographie des risques et aux dangers actuels et futurs;
  • la péjoration importante de la circulation (saturation du réseau routier);
  • la forte augmentation démographique résidente et pendulaire;
  • la répartition territoriale inadéquate des bases de départ SPP;
  • la nécessité d’une meilleure complémentarité entre SPP et SPV.

Répondre aux nouveaux besoins

En s’appuyant sur l’étude menée en 2012 sur les risques cantonaux en matière d’incendie et leurs développements prévisibles, il s’agit dès lors d’établir les fondements d’un concept qui puisse répondre aux besoins actuels avec une projection à l’horizon 2030 et en l’inscrivant dans une démarche évolutive.

Le concept proposé va d’ailleurs dans le sens des recommandations émises en 2011 par la Cour des comptes, qui préconisait notamment un financement et une gouvernance intercommunaux, avec la création d’une structure intercommunale de droit public regroupant l’ensemble des acteurs de la défense incendie et des secours.

Les travaux d’élaboration ont été confiés à un groupe de travail composé de représentants des trois secteurs de la corporation (volontaires, professionnels et instance cantonale) ainsi que d’un représentant des exécutifs communaux. La première étape avait pour objectif de déterminer un modèle. La seconde – qui vient de se terminer – a permis de définir le mode opératoire.

Rattraper le retard

Les objectifs principaux du concept visent à rattraper le retard opérationnel par la mise en place de mesures permettant de respecter les délais prescrits. Il s’agit également d’assurer une meilleure cohésion entre les sapeurs-pompiers professionnels et volontaires au travers d’une mixité opérationnelle renforcée, à l’instar de ce qui se pratique dans d’autres régions. Un certain nombre de compétences au sein des corps volontaires ne sont pas suffisamment valorisées, alors qu’elles pourraient apporter une réelle plus-value dans le cadre des interventions. Au final, il s’agira d’assurer la pérennité du dispositif, dont la configuration devra logiquement se corréler aux différents facteurs que sont les constats d’obsolescence d’aujourd’hui et qui permettra de réaliser un accroissement opérationnel et sécuritaire au profit de la population genevoise.

La mise en œuvre s’effectuera de manière progressive, planifiée en trois grandes étapes s’échelonnant, pour la première, de 2016 à 2020, pour la seconde, de 2020 à 2025 et pour la troisième, de 2025 à 2030, échéance à laquelle le dispositif atteindra pleinement les critères de performance visés.

Dans l’intervalle, un certain nombre de mesures seront mises en place, en portant l’accent sur les éléments les moins performants.

Utiliser l’existant pour une meilleure couverture

A l’image de ce qui se pratique dans les régions en plein essor – comme l’est notre canton –, l’implantation des bases de départ est un élément essentiel pour le respect des délais d’intervention. Il s’agira donc de répartir ces bases sur l’ensemble du territoire cantonal en utilisant le plus possible les bâtiments existants, dans lesquels les intervenants professionnels et volontaires pourront cohabiter, et assurer ainsi une meilleure couverture sécuritaire qu’aujourd’hui.

De telles dispositions impliqueront l’adaptation des cursus de formation pour harmoniser les pratiques entre les intervenants, et plus spécifiquement pour les missions qui verront les actions conjuguées des professionnels et des volontaires. La nette distinction des filières aujourd’hui devra, demain, trouver progressivement des passerelles. Cela ne signifie pas pour autant que l’on se dirige vers une formation unique, la profession de sapeurpompier exigeant un cursus normé conduisant à l’obtention d’un brevet fédéral. Par ailleurs, il y a lieu de tenir compte de l’engagement citoyen dont font preuve les volontaires: les exigences pour la fonction ne sauraient être augmentées de manière trop conséquente, au risque de les décourager. Il s’agira néanmoins de trouver l’équilibre et la proportionnalité d’une avantageuse complémentarité.

Des compagnies qui se regroupent déjà

A ce jour, on recense 44 compagnies de SPV sur les 45 communes du canton, dont deux en Ville de Genève. Une quinzaine de regroupements régionaux ont déjà permis d’instaurer des collaborations à l’échelle intercommunale.

A ce titre, on peut relever notamment que les compagnies de Dardagny et Russin ont fusionné en 2010 et celles de Bernex et Confignon en 2014. Ces rapprochements, qui n’ont pas attendu l’arrivée du projet de concept, ont été dictés par des besoins auxquels il fallait apporter la meilleure réponse possible afin que les missions dévolues aux volontaires soient assurées et la capacité d’intervention maintenue. Le concept prévoit de tenir compte de l’ensemble des collaborations existantes qui dessinent déjà le futur paysage opérationnel.

En ce qui concerne les missions de sauvetage et de premiers secours, il revient logiquement aux professionnels de continuer à les assurer, puisqu’elles nécessitent la disponibilité immédiate d’intervenants casernés et des connaissances particulières. De plus, l’expérience accumulée revêt une grande importance car en matière d’intervention, l’évolution est permanente.

Assurer la relève

Le nouveau concept ne saurait ignorer les jeunes sapeurs-pompiers: environ 150 jeunes âgés de 9 à 18 ans qui, bien que pas mentionnés tels quels dans le rapport, constituent le principal échelon de relève. Ils sont également inclus dans la dynamique de l’évolution et leurs parcours de formations, jusqu’ici pas décrits et ne comprenant pas d’évaluations, vont leur permettre de valider des acquis en cours d’activité, de sorte qu’arrivés à l’âge de 18 ans, nantis de toutes les notions nécessaires, ils puissent intégrer une compagnie volontaire sans devoir accomplir de formations complémentaires.

En conclusion, le fait que l’assemblée générale de l’ACG ait accepté d’entrer en matière sur l’évolution du concept opérationnel de défense incendie et de secours confirme une prise de conscience du retard pris et de la responsabilité collective qui échoit aux différents acteurs, à des degrés divers, pour la sécurité de la population genevoise. La suite des travaux de mise en œuvre va se poursuivre avec un groupe de travail comprenant les différents acteurs et partenaires, pour passer de la phase de conceptualisation à celle de la concrétisation.

Département de la sécurité et de l’économie
Ville de Genève
Association des communes genevoises

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