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Ces artisans qui font la fierté de notre canton!

29 novembre 2017 Thierry 0 Comments

Discours réalisé lors du Prix de l’Artisanat 2017, le 30 octobre 2017 / Crédit photo: Léman Bleu

2294, c’est le nombre de communes en Suisse. Elles ont toutes un point commun : représenter la plus petite distance entre un habitant-e et une Autorité, un lien fort avec la proximité.

Et quoi finalement de plus proche de nous que ces artisanes et artisans qui perpétuent des savoirs rares, parfois en voie de disparition, et qui font l’honneur de notre patrimoine.

Aujourd’hui, nous récompensons un métier particulier. Celui de doreuse-encadreuse. Un métier qui, j’en suis certain, est inconnu de la plupart d’entre nous. Un métier d’ailleurs si rare qu’il n’en existe qu’une seule représentante à Genève.

Madame Bélen Ferrier pratique encore un de ces métiers merveilleux, qui furent si communs il y a de cela quelques décennies encore, et qui ont malheureusement aujourd’hui presque disparus.

Pensez donc : l’ensemble de notre patrimoine bâti, à Genève comme ailleurs, que ce soit dans les bâtiments historiques de la République, ou dans les maisons de maîtres qui bordent notre lac, recèlent de trésors magnifique réalisés en leur temps par les homologues de Madame Bélen Ferrier. Qui imaginerait ces grands miroirs, ces fenêtres décorées ou ces toiles de maîtres sans les cadres qui les mettent valeur !

Plus qu’un artisanat, on le voit, c’est un métier d’artiste.

Durement concurrencés par les grandes surfaces et leurs objets impersonnels, les métiers du cadre ont provisoirement cédé la place à l’uniformisation.  Comme beaucoup d’autres métiers, ils ont eu du mal à survivre. Seule Madame Bélen Ferrier parvient encore à tenir tête à la tentation de la modernité et du « prêt à cadrer » qui nous est vendu, sans âme, par les grandes surfaces.

Chaque année, depuis que je participe à la remise de ce prix au nom de l’association des communes genevoise, je ne peux m’empêcher d’éprouver une certaine nostalgie.

Récompenser celles et ceux qui résistent, c’est repenser à toutes celles et tous ceux qui n’ont pas pu le faire. Et c’est donc avoir en tête que ce qui fait la richesse de notre patrimoine artisanal et industriel, petit à petit, disparaît.

Parfois dans l’indifférence la plus totale. Et que derrière ces métiers, souvent discrets, il y a des vies, des femmes et des hommes passionnés, qui ont su mettre un savoir-faire au service de la qualité et du travail bien fait.

Madame Bélen, vous êtes probablement une survivante, et je vous en félicite. Ce d’autant que je suis moi-même le fils d’un artisan peintre indépendant et que je sais combien, chaque jour, la lutte est difficile.

Ce qui me console, c’est que je crois savoir que vous avez une apprentie en formation qui pourra, je l’espère, reprendre le flambeau le temps venu et perpétuer la tradition.

Un économiste dont j’ai oublié le nom a dit un jour que, au 21ème siècle, ne survivront que les très gros qui peuvent baisser au maximum leurs coûts de productions, et les très petits qui miseront tout sur la qualité.

Je crois que l’entreprise que nous honorons aujourd’hui s’inscrit parfaitement dans cette logique. Faire peu, faire bien, avec du cœur, à l’échelle humaine. Faire dans la qualité, le sur-mesure, perpétuer un art ancien, précieux. C’est la marque de fabrique de Madame Bélen Ferrier.

C’est donc avec plaisir et émotion que je salue ici votre travail et suis fier de vous remettre ce prix.

Avant de rendre la parole, permettez-moi de remercier chaleureusement deux personnes qui quittent le Jury, Michel Magnin et Grégoire Evequoz, après des années d’engagement.

Mes vœux les meilleurs vous accompagnent pour vos futures activités. Nous avons également le grand plaisir de vous annoncer l’arrivée de Mireille Dessingy – ancienne lauréate – en tant que membre de notre Jury. Qu’elle et ils en soient chaleureusement remercié.e.s.

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