• Home
  • François, Philippe et Sylvie : le visage de la fracture sociale derrière le masque des statistiques

François, Philippe et Sylvie : le visage de la fracture sociale derrière le masque des statistiques

4 novembre 2012 Thierry 0 Comments

Je connais bien François, un jeune diplômé de l’Université. Malgré ses recherches et ses stages, il ne parvient pas à trouver un emploi. Pour être soutenu dans ses recherches et aider ses parents à boucler les fins de mois, il souhaite s’inscrire au chômage. Malheureusement, 6 mois d’attente sont nécessaires pour obtenir les allocations du chômage, mais aussi l’aide à la recherche d’emploi. François n’entre pas dans les statistiques du chômage.

Mon voisin Philippe vient de perdre son emploi auprès d’une multinationale de la place. Il s’est décidé à aller pointer au chômage. Avec deux enfants à charge, il y a urgence à retrouver un travail ou du moins à bénéficier provisoirement d’allocations. Malheureusement, la queue est interminable à l’Office cantonal de l’emploi (OCE) et son dossier ne sera pas traité avant décembre. Un mois d’attente et de débrouille pendant lequel Philippe n’entre pas, lui non plus, dans les statistiques du chômage.

J’ai rencontré Sylvie qui n’a pas un parcours de vie facile. Malgré les formations suivies pendant sa période de chômage, elle n’a pas retrouvé de travail. Son droit aux prestations chômage épuisé, elle a frappé à la porte de l’Hospice général. Malheureusement, sa voiture nécessaire pour transporter ses enfants depuis Versoix lui fait dépasser le barème d’accès à l’aide sociale. Seule, sans aide, Sylvie n’entre ni dans les statistiques du chômage, ni dans celles de l’Hospice.

Ces situations illustrent la dégradation de la situation sociale à Genève où l’Etat, garant d’un filet social adapté, est attaqué. La nouvelle loi fédérale sur le chômage a étendu à 6 mois la période d’attente pour qu’un jeune puisse prétendre aux prestations, ce qui contraint aussi des familles peinant à finir les mois à en assumer les douloureuses conséquences.

Les réformes législatives successives ont accentué le drame de l’assistance publique. La nouvelle LIASI cantonale renvoie les chômeurs à l’Hospice qui a vu sa fréquentation augmenter de plus de 30% en 3 ans. Nombre d’usagers ne peuvent prétendre à l’aide avant d’avoir épuisé leur maigre pécule, souvent uniquement constitué d’une modeste voiture ou d’économies pour les études des enfants. Les autres doivent se contenter de ressources et d’un encadrement minimum qui ne leur laissent aucune chance de remonter la pente.

Les chiffres masquant la réalité, je ne peux me réjouir de la récente baisse du chômage. A la fin août, j’avais déjà résolument interpellé Mme Isabel Rochat pour que des mesures soient prises. A l’heure où son parti, le PLR, prépare des coupes massives dans le budget 2013 – et donc dans l’aide apportée à ceux qui en ont le plus besoin– je ne peux que réitérer cet appel : facilitez l’accès des jeunes aux mesures d’intégrations, agissez pour réduire l’attente à l’OCE et donnez des moyens supplémentaires à l’Hospice.

Finalement, reconnaissons aussi les oubliés des statistiques, car François, Philippe et Sylvie ont un visage : celui de la fracture sociale grandissante !

leave a comment